La Banque de France : rôle d’une banque centrale dans l’économie

Qui dit économie, dit financement de l'économie, c'est-à-dire monnaie, moyens de paiement, crédit, système bancaire et financier etc. La monnaie, quelle que soit sa forme, pièces, billets, chèques, monnaie électronique... joue un rôle essentiel dans notre vie quotidienne.

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Or précisément, la monnaie, la politique monétaire, l'inflation, la surveillance et la réglementation du système bancaire sont au cœur des préoccupations d’une banque centrale.

La Banque de France, au sein de l'Eurosystème, joue donc un rôle central dans l'économie de notre pays.


La monnaie a plusieurs fonctions et des formes multiples ; elle est créée par les banques sous le contrôle de la banque centrale(1.1). La Banque de France joue un rôle essentiel de préparation et mise en œuvre de la politique monétaire (1.2) ainsi que dans la surveillance des systèmes de paiement (1.3) et plus généralement contribue à la stabilité financière (1.4).

1.1 La Banque de France et la monnaie

La monnaie remplit des fonctions essentielles (1.1.1) et revêt plusieurs formes (1.1.2). La création monétaire (1.1.3) est assurée par les banques sous le contrôle de la banque centrale.

1.1.1 Les fonctions de la monnaie

La monnaie permet aux hommes d’échanger les richesses qu’ils produisent. Elle remplit ainsi trois fonctions essentielles :

  • unité de compte (La monnaie simplifie les transactions en servant de commune mesure des valeurs. Il est infiniment plus simple d’évaluer un produit par rapport à un étalon unique que de fixer les relations d’échange de ce produit avec toutes les autres marchandises) : elle permet de fixer le prix des biens et services
  • moyen de règlement (La monnaie est devenue indispensable dès que les échanges économiques se sont développés. Le troc, qui lie de façon rigoureuse une vente à un achat, limite la circulation des marchandises : la personne qui désire un bien déterminé ne possède pas nécessairement le produit que le vendeur de ce bien veut obtenir en échange. L’intervention de la monnaie permet, dans un premier temps, d’opérer la transaction en la scindant en deux : la marchandise, au lieu d’être échangée directement contre un autre produit, est négociée contre une certaine quantité de monnaie qui en constitue le prix et avec laquelle le vendeur pourra se procurer les biens qui lui sont nécessaires. Ont lieu successivement une vente, puis un achat. Le développement du système bancaire et de son corollaire, le crédit, permettra ensuite d’anticiper les recettes futures. Dès lors, l’achat ne sera plus conditionné par la réalisation préalable ou concomitante de la vente. Dans tous les cas, la monnaie joue ainsi le tôle d’intermédiaire dans les échanges.) : la marchandise est acquise par échange contre de la monnaie
  • réserve de valeur (Pour être acceptée, la monnaie doit pouvoir servir d’instrument de conservation des valeurs ou, si l’on préfère, d’instrument d’épargne. Il ne faut pas qu’entre le moment où elle est reçue et celui où elle est dépensée, la perte de pouvoir d’achat soit trop importante, même si l’expérience montre que l’utilisation de la monnaie peut parfois être compatible avec une forte dépréciation de son pouvoir d’achat.) : la monnaie peut être thésaurisée, en vue d’achats futurs
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1.1.2 Les formes de la monnaie

Un peu d’histoire : des produits courants aux métaux précieux

Aujourd’hui, au sens étroit, il ya deux formes de monnaie :

  • la monnaie manuelle ou fiduciaire : billets et pièces. C’est à la Banque de France qu’est confié le rôle central dans la fabrication, la mise en circulation et l’entretien de la monnaie fiduciaire.
    Fabrication d’une large partie des billets en euros, y compris pour d’autres pays que le nôtre : une papeterie pour le papier à billets et une imprimerie. Les pièces, en revanche, sont fabriquées par les Monnaies et Médailles, département du ministère de l’Économie et des Finances.
    Mise en circulation : la Banque de France délivre à ses guichets les billets neufs, ainsi que les billets déjà utilisés dont elle a vérifié l’authenticité et la qualité (cf. infra).
    Entretien et sécurité : la Banque de France contrôle les billets et les pièces qui lui sont remis par les établissements de crédit et certains gros utilisateurs de monnaie comme les grandes surfaces ; en amont elle joue un rôle très important dans la détermination des signes de sécurité des gammes de billets à venir.
  • La monnaie scripturale (du latin, scriptura : texte, écrit) : sommes déposées sur un compte, disponibles sans délai (à vue) qui s’échangent par des écritures commandées par l’utilisation d’instruments de paiement comme le chèque, le virement, la carte de paiement etc. (données - répartition)
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1.1.3 La création monétaire

- la quantité de monnaie : l’ensemble de la monnaie, dit masse monétaire est composé de la monnaie fiduciaire (ensemble des pièces et billets), de la monnaie scripturale (dépôts à vue transférables) et de tous les placements que l’on peut facilement transformer en argent liquide comme les livrets d’épargne, les comptes à terme ou les OPCVM monétaires. Par définition, on exclut de la masse monétaire les placements à long terme (plans d’épargne logement, placements en obligations) et les placements risqués (placements en actions).

Les économistes regroupent ces différentes composantes en sous-ensembles qui s’emboitent, appelés Agrégats monétaires, dont la connaissance est indispensable pour la préparation de la politique monétaire (cf. infra).

- l’évolution de la quantité de monnaie : la masse monétaire n’est pas figée, elle évolue avec les besoins et les résultats de l’activité économique, et cela grâce aux banques qui accordent des crédits. La banque inscrit le montant du crédit au compte de l’emprunteur : elle a créé de la monnaie. Quand l’emprunteur rembourse le crédit, la quantité de monnaie diminue.

- les limites à la création monétaire : chaque banque est limitée dans sa création de monnaie : elle doit avoir chaque jour la trésorerie suffisante pour faire face à tous ses règlements envers les autres banques (les clients et fournisseurs de sa clientèle peuvent avoir des comptes dans d’autres banques) et pour satisfaire les retraits en argent liquide de sa clientèle. Pour maintenir leur situation en équilibre, les banques font appel au marché interbancaire où elles échangent chaque jour entre elles de la monnaie qu’elles s’empruntent les unes aux autres : c’est la monnaie centrale, inscrite dans les comptes qu’elles ont à la Banque de France, qui est donc la banque des banques. Quand les banques ont toutes besoin de liquidités au même moment, sans parvenir à s’équilibrer entre elles, le pays connaît une crise de liquidités. C’est ce genre de phénomène qu’ont connu les banques américaines au cours de l’été 2007 sous le nom de crise des subprimes (Focus – Dix mots-clés pour comprendre la crise).

- la Banque de France et le contrôle de la quantité de monnaie créée : la Banque de France est la seule à pouvoir fournir la monnaie centrale dont les banques ont besoin, moyennant un prix appelé taux d’intérêt directeur. Pour tous les pays de l’Eurosystème, ce taux est fixé par le Conseil des Gouverneurs de la BCE. (Voir infra les décisions de politique monétaire).

[en complément, vous pouvez consulter un extrait de chapitre 7 du livre de Pascal Gaudron, Sylvie Lecarpentier-Moyal Economie monétaire et financière]

1.2. La Banque de France, l’Eurosystème et la politique monétaire

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La Banque de France, avec les banques centrales des autres pays ayant adopté l’euro et la Banque centrale européenne (BCE) elle-même forment l’Eurosystème. Les banques centrales nationales préparent et mettent en œuvre la politique monétaire décidée par la BCE. Politique qui repose sur un cadre d’analyse large de l’information économique disponible.

La politique monétaire de l’Eurosystème est définie au sein du Conseil des Gouverneurs de la BCE : cette politique monétaire, unique pour toute la zone euro, a pour objectif la stabilité des prix, c’est-à-dire qu’elle vise à maintenir des taux d'inflation à des niveaux inférieurs à, mais proches de, 2 % à moyen terme. La stabilité des prix présente en effet de nombreux avantages (Les avantages de la stabilité des prix).

L’action sur les taux d’intérêt et sur la liquidité bancaire : pour atteindre l’objectif de stabilité des prix, le principal instrument utilisé est le taux d’intérêt directeur, taux auquel les banques centrales, en France la Banque de France, prêtent de la monnaie centrale aux banques commerciales de leur pays pour répondre à leur besoin de liquidité.

La Banque de France, l’Eurosystème, l’inflation et le crédit : toute banque centrale, gardienne de la valeur de la monnaie qu’elle émet, se doit d’être particulièrement vigilante face à l’inflation, qui correspond à une perte de pouvoir d’achat de la monnaie. Ainsi, la Banque de France, en mettant en œuvre la politique monétaire unique, joue en France un rôle essentiel dans l’évolution d’un certain nombre de variables économiques comme l’inflation et le crédit (volume total des prêts que les banques vont consentir aux agents économiques) : en effet le taux directeur appliqué aux banques détermine très largement le taux d’intérêt à très court terme des prêts entre banques sur le marché interbancaire, puis, en cascade, l’ensemble des taux d’intérêt dans l’économie. Ainsi, une modification des taux auxquels les ménages et les entreprises peuvent s’endetter a un impact sur l’activité économique et sur le rythme de l’inflation. Concrètement, une hausse des taux aura tendance à ralentir l’inflation, on parle alors de resserrement de la politique monétaire. Inversement, une baisse du taux directeur correspond à un assouplissement de la politique monétaire

[en complément, vous pouvez consulter un extrait de chapitre 12 du livre de Pascal Gaudron, Sylvie Lecarpentier-Moyal Economie monétaire et financière]

1.3. La Banque de France et les moyens de paiement et les systèmes de règlement

La Banque de France est chargée de veiller au bon fonctionnement et à la sécurité des systèmes de paiement, des systèmes de règlement de titres et des chambres de compensation d’instruments financiers (La surveillance des systèmes de paiement).

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La Banque de France tient les comptes des établissements de crédit et gère la branche française du système européen Target qui permet le règlement sécurisé transfrontalier des paiements de montant élevé et donc le fonctionnement efficient du marché interbancaire de la zone euro.

La Banque de France est chargée de s’assurer de la sécurité des moyens de paiement scripturaux et de la pertinence des normes applicables en la matière. Pour la première fois en 2006, elle a publié un rapport sur la surveillance des moyens de paiement et des systèmes d’échange dans lequel elle présente l’appréciation qu’elle porte sur leur fonctionnement et leur sécurité. La surveillance des moyens de paiement et des systèmes d’échange en 2006

Le gouverneur de la Banque de France préside l’Observatoire de la sécurité des cartes dont le secrétariat est assuré par la Banque de France.

1.4. La Banque de France et le contrôle bancaire et la stabilité financière

La Banque de France est très impliquée dans la surveillance et la réglementation du système bancaire et financier dont elle a une excellente connaissance. Voir par exemple pour l’année 2005 : "Le système bancaire et financier français en 2005"

Le Gouverneur de la Banque de France préside le Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (CECEI) - qui délivre les agréments nécessaires aux différentes étapes de création, de développement ou de restructuration de ces établissements — et la Commission Bancaire, chargée de leur contrôle prudentiel (solvabilité, liquidité, risques...).

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La Banque est membre des autres instances de la place financière de Paris, qu'il s'agisse de l'Autorité des marchés financiers (AMF), du Comité consultatif de la législation et de la réglementation financière (CCLRF). Les directeurs régionaux de la Banque sont les délégués de l’AMF dans les régions.

La Banque de France fournit les moyens du Secrétariat général de la Commission bancaire, du CECEI, du CCLRF et du Comité consultatif du secteur financier (CCSF).

La Banque de France et la Commission Bancaire participent aux travaux internationaux relatifs à la supervision bancaire et à la stabilité financière.

 

Pour en savoir plus : Supervision et réglementation bancaire

La suite du document : Les services rendus à la collectivité

Crédits photos : Pascal Assailly et Philippe Jolivel (Banque de France)