Christian Gollier : « la tendance est au catastrophisme »

Professeur de sciences économiques, Christian Gollier est président de l’Ecole d’Economie de Toulouse et directeur du Laboratoire d'économie des ressources naturelles. A l’issue de sa conférence intitulée "Peut-on apprivoiser le risque", il revient sur la notion du risque et sa place dans les mécanismes de décisions.

Qu’est-ce que le risque ?

Le risque est une situation dans laquelle le résultat ne peut être garanti à l’avance. Le risque peut aussi bien concerner la situation du lancer de dé que le changement climatique.

La gestion du risque se fait à partir d’études concrètes et pragmatiques mais la variable émotion n’est-elle pas également importante ?

C’est toute la différence entre le normatif et le positif. Effectivement, la plupart des individus ont une rationalité limitée. Ils ont peur de regretter leur décision a posteriori car ils disposent alors d’informations supplémentaires. De plus, les individus n’évaluent pas les situations en termes absolus mais relatifs. Ils décident en fonction de leur voisin : fait-il mieux ou moins bien ? La question qui se pose alors est de savoir si l’Etat doit prendre en compte la jalousie, par exemple, pour prendre une décision. En général, il a une action plutôt normative et protectionniste.

La réflexion sur le risque est-elle courante en économie ?

Elle est centrale dans les débats mais secondaire dans les décisions. De façon générale, aujourd’hui, les décideurs publics ont une très forte aversion au risque, ils ont peur des reproches a posteriori. La sensibilité au risque a été accrue notamment à la suite de l’affaire du sang contaminé et la tendance est au catastrophisme. Mais le débat provoqué par l’achat en surnombre de vaccins contre le H1N1 va peut-être rééquilibrer les choses, inciter les politiques à prendre à nouveau en compte les deux types d’erreurs possibles : des dépenses trop importantes ou une sous-estimation du risque.

Le calcul du risque n’est-il pas néfaste dans certains cas ?

Parce que les individus sont anxieux, on dit qu’il vaut mieux leur cacher les risques. Moi, je ne suis pas de cet avis. Parler des risques, c’est chercher à les quantifier et permettre de prendre les meilleures décisions à terme. Structurer le débat en décrivant toutes les conséquences possibles rend la discussion plus démocratique. Il n’y a pas de démocratie possible sans information.

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