Dans la conception classique, l’entreprise n’a qu’une seule finalité : le profit. Ce point de vue a été résumé par Milton Friedman (1912-2006) dans la formule célèbre « the business of business is business ». Pour l’essentiel des économistes – et sans doute la plupart des chefs d’entreprise – c’est en recherchant le profit maximal que l’entreprise rend les meilleurs services à la société. Cette recherche incite en effet les entreprises à mieux adapter leurs produits à la demande, à produire dans les conditions plus efficaces, à réaliser des gains de productivité qui se traduisent en baisse de prix ou en hausse de salaires... Enfin, le profit est la condition de l’investissement, qui assure la survie et le développement de l’entreprise.
Cette conception est cependant loin d’être partagée. Dès le XIXème siècle, les socialistes «utopiques» ont contesté que la finalité de l’entreprise fût uniquement d’enrichir ses actionnaires, avec comme traduction concrète de leur engagement la fondation de coopératives et de mutuelles. Et dans le courant du XXème siècle se sont développées les notions de «parties prenantes» et de «responsabilité sociale des entreprises» (RSE) alors qu’à l’inverse diverses théories comme la théorie de l’agence ont voulu restaurer le pouvoir actionnarial face à ce qui était considéré comme une dérive «managériale».
On le voit, la question de la finalité de l’entreprise reste au cœur du débat public. L’objet de cette conférence est de faire un point sur la recherche en sciences de gestion dans ce domaine, mais aussi de confronter cette recherche aux pratiques des entreprises et l’évolution de leurs modalités d’insertion dans la société.
Intervenants :
Gomez Pierre Yves (Professeur à l’EMLYON Business School)Montjotin Hervé (Ex Président du Directoire de XPO Logistics)
de Saint-Pierre François (Associé-Gérant de Lazard Frères Gestion et fondateur du Cercle Jean-Baptiste Say)
Millet Nicolas (Directeur du Développement Industriel et Territorial, CCI de Lyon)
Segrestin Blanche (Professeur, Chaire Théorie de l’entreprise, à Mines ParisTech, PSL Reserch University)