La France n’a pas peur des contradictions. Son système de soins se caractérise par la coexistence d’une assurance maladie universelle financée sur prélèvements obligatoires et d’une grande liberté des acteurs au niveau décentralisé. Les principes de la médecine libérale ont été clairement énoncés dans une charte adoptée en 1927 lors d’un congrès de réunification des syndicats médicaux : liberté d’installation des médecins, liberté de prescription, libre fixation des honoraires, paiement direct des honoraires (sans tiers payant). Un fonctionnement basé sur ces principes heurte de plein fouet la logique de protection sociale portée par une assurance maladie comme la nôtre.
Aujourd’hui l’accès aux soins est miné par la mauvaise répartition géographique des médecins et le développement incontrôlé des dépassements d’honoraires. La recherche de solutions se heurte à une partie des médecins, qui s’opposent à toute mesure coercitive. Pourtant leurs revenus proviennent des ressources offertes par la sécurité sociale, elle-même financée sur prélèvement obligatoires. Les citoyens, qui sont les assurés sociaux, paient également leurs contributions à cette assurance sociale. Ils devraient en contrepartie bénéficier d’un accès égal à des soins de qualité. La logique de la médecine libérale contredit ces principes.
A l’heure où les contraintes budgétaires pèsent lourdement sur les comptes sociaux, il est temps de sortir de ces contradictions. Tous les acteurs du système de soins doivent agir de façon coordonnée afin d’offrir des soins efficients et pertinents, dans le sens de l’intérêt général.
Au-delà des ces principes, la conférence fera le point sur la place de la médecine libérale en France, dans la médecine ambulatoire et hospitalière, chez les spécialistes et les généralistes. Des éléments de comparaison internationale seront donnés, afin d’examiner le statut des médecins dans d’autres grand systèmes de soins. Enfin, les médecins français n’ont pas une posture homogène sur ces questions. Au-delà de ceux qui dominent dans la communication, d’autres médecins sont à la recherche de pratiques différentes.
Intervenants :
Dormont Brigitte (Professeur de sciences économiques (PSL, Université Paris Dauphine ) et membre du Conseil d’analyse économique )Leicher Claude (Président de MG France)
Paris Valérie (Economiste, Division santé, à l'OCDE)
Tabuteau Didier-Roland (Responsable chaire santé, Sciences Po )