La pleine adéquation entre promesses de pension et capacité à les financer repose souvent sur des conditions économiques et démographiques incertaines et difficiles à atteindre. Malencontreusement, les gouvernements répugnent souvent à réformer les systèmes de retraite par répartition car ils craignent de subir un coût politique élevé. Par voie de conséquence, ils tendent à procrastiner et donc à reporter l’adoption de mesures qui devraient garantir la solvabilité.
Bien sûr, en situation d’insolvabilité urgente, tous les gouvernements réforment et même de façon substantielle. Mais le problème avec les réformes ad hoc est que, selon Turner (2009), "(elles) ont un haut degré de risque politique parce que leur timing et magnitude sont inconnus".
La stratégie peut consister pour les gouvernements à (Gannon et al, 2014) :
(i) Déléguer la gouvernance du régime de retraite à une autorité indépendante qui aura des objectifs à atteindre.
(ii) Introduire des mécanismes d’ajustement automatique afin de garantir la solvabilité du système à toutes dates sans avoir besoin d’intervention politique et ainsi éliminer le recours “à d’importants changements de programme adoptés en mode crise” (Turner, 2009).
Afin d’améliorer la gouvernance et offrir de meilleure garantie de solvabilité, la dernière réforme des retraites adoptée en France début 2014 a prévu la création d’un comité de suivi des retraites auquel trois missions ont été confiées :
i) rendre un avis annuel pour évaluer si le système s’éloigne significativement de ses objectifs,
ii) si besoin, proposer des mesures correctrices,
iii) consulter un jury citoyen.
L’objectif de cette conférence est de faire le point sur la solvabilité des systèmes de retraite et de discuter des enjeux de gouvernance. Elle réunira universitaires et spécialistes des retraites
Les principaux éléments de débat seront les suivants :
(i) Les évolutions financières prévisibles des besoins de financement des régimes de retraite sont-elles rassurantes? Dans quelle mesure les réformes passées ont-elles été efficaces?
(ii) Y-aura-t-il besoin de nouvelles réformes? Si oui, quels devraient être les objectifs et les modalités?
(iii) Comment financer les besoins spécifiques de fin de vie tels que la dépendance si les pensions deviennent insuffisantes?
(iv) Faut-il encourager l'épargne retraite ou l'assurance dépendance? Si oui, de quelle façon?
Intervenants :
Blanchet Didier (Président du Comité de suivi des retraites)Devolder Pierre (Professeur ordinaire à l’Université Catholique de Louvain (UCL), Président de l’Institut de Statistique, Biostatistique et Sciences Actuarielles)
Lavigne Anne (Professeur de sciences économiques, Université d’Orléans)
Legros Florence ((Université de Paris-Dauphine))
Touzé Vincent (Economiste senior à l’OFCE (Sciences Po, Paris) )