Fêter les vingt ans de l’euro n’a pas été chose aisée, tant les sujets de discorde et d’inquiétude sont nombreux. L’euro aura vécu une enfance et une adolescence difficile : frappé à moins de dix ans par une crise financière mondiale sans précédent, il a montré très tôt sa résilience grâce aux efforts coordonnés de ses Etats membres. Les divergences financières entre pays créanciers et débiteurs ont cependant replongé bien vite la zone euro dans la crise dont elle sort affaiblie après une surenchère de politiques monétaires expansionnistes quoique dotée de nouveaux instruments de gouvernance. Ceux-ci restent en cours d’achèvement (l’union bancaire) ou en phase d’extension de leurs prérogatives (le mécanisme européen de stabilité).
L’euro, largement approuvé par les citoyens européens, est devenu une monnaie stable qui, en contribuant à la stabilité des prix, a protégé le pouvoir d’achat des Européens. Cette réussite ne doit pas pour autant masquer les difficultés à faire émerger des convergences dans de nombreux domaines : marchés du travail, dynamiques industrielles, politiques migratoires, fiscalité, et adaptation aux défis numériques pour n’en citer que quelques-uns. En l’absence de convergences structurelles entre ses Etats membres, la protection et le dynamisme attendus de l’appartenance à l’UE et à la zone euro ne semblent pas faire le poids face aux turbulences économiques et financières de l’économie mondiale. Les divergences nourrissent en outre le ressentiment à l’égard du projet d’intégration européenne.
La persistance de spécificités nationales ou régionales rend difficile le renouveau du projet d’UE, dans une phase longue et ardue de sortie de crise économique. Dépasser les divergences à l’œuvre requerrait des instruments de politique publique plus performants ou nouveaux ; in fine, il y faudrait une volonté politique partagée qui semble aujourd’hui faire cruellement défaut. Ce sont les modalités économiques, financières et politiques de ce renouveau du projet européen que discuteront les intervenants de cette table-ronde.
Intervenants :
Boone Laurence (Chef économiste et Chef du Département des affaires économiques de l’OCDE)Ragot Xavier (Président de l’OFCE, Directeur CNRS)
Renaud-Basso Odile (Directrice générale du Trésor)