En ce XXIe siècle, l’idée d’un revenu de base à destination de la jeunesse est devenue un incontournable du débat public sur la réforme de la protection sociale. Les fondements philosophiques d’un tel revenu « jeune » sont cependant assez peu développés alors même qu’ils conditionnent sa désirabilité, son financement et donc son acceptabilité.

Un argument important mais occulté du débat est, selon nous, le risque d’une mort précoce, qui empêche les individus de réaliser leurs rêves, et les prive des joies de la retraite (actuellement réservée aux travailleurs qui atteignent des âges élevés). L’inversion partielle des systèmes de retraite, c’est-à-dire le versement d’une « pension » avant l’entrée dans la vie active, permettrait d’assurer chaque citoyen contre le risque d’une vie brève. Son financement pourrait reposer sur une durée d’activité accrue dans l’âge senior. On le comprend, la mise en place d’un revenu « jeune », au travers d’une inversion partielle des systèmes de retraite, nécessite une refondation de notre État-providence : c’est le prix à payer pour concilier l’incertitude universelle sur la durée de la vie et l’exigence de justice sociale.