De l’innovation monétaire aux monnaies de l’innovation

Auteur(s) :


Cornu Jean-Michel


Editeur : Editions Fyp
Isbn : 978-2-916571-48-5
Nombre de pages : 112 pages.
Prix : 12.90€
Parution : décembre 2010
Public : tous publics Tous publics
Essai

Présentation éditeur

De nouvelles formes de monnaies, complémentaires de « l’argent » conventionnel, se sont développées durant ces dernières décennies.

Ce sont des outils d’innovation sociale qui réduisent l’impact des crises financières et influencent la société dans laquelle nous vivons.

Elles favorisent certaines activités et échanges : l’économie locale, le lien social, l’éducation, la culture, l’emploi, l’environnement, la reconnaissance dans les réseaux sociaux, etc.

Aujourd’hui, ces nouvelles monnaies se multiplient (plus de 5 000 dans le monde) et touchent un nombre grandissant de personnes grâce à l’utilisation de l’internet et du téléphone.

Elles ne se limitent plus à une échelle locale avec l’entrée en scène de collectivités territoriales, de grandes entreprises telles que Facebook ou Google, et même de gouvernements.

Cet ouvrage fournit toutes les clés pour comprendre ce phénomène et explique comment créer une monnaie :

• Quelles sont ses grandes fonctions ?

• Quand faut-il une monnaie ?

• Quelles monnaies pour quels usages ?

• Pourquoi les multiplier ? Comment concevoir une monnaie ?

• Est-ce légal et à quelles conditions ?

• Comment lui faire jouer un rôle social ?

• Comment concevoir une monnaie qui favorise l’innovation ?

Ce livre s’adresse à tous les acteurs qui veulent concevoir et mettre en oeuvre de nouveaux types de monnaies pour favoriser l’innovation sociale : économistes, responsables de collectivités territoriales, gouvernements, créateurs de nouveaux services et de l’internet, banques, et aussi tous les citoyens qui ont l’intention de participer à ce nouveau courant d’innovation.

« Ce livre fournit une idée de l’ampleur de la panoplie des innovations monétaires possibles pour faire face aux défis sociaux du XXIe siècle. »

Bernard Lietaer, auteur de Future of Money, est professeur à l’université de Berkeley, spécialiste des questions monétaires internationales et a participé à la conception et la mise en place de l’Euro

L’innovation est devenue le moteur de notre société, mais de quelle innovation parlons-nous ?
Il y a bien sûr l’innovation technologique qui comprend sa petite soeur moins connue : l’innovation architecturale (ainsi, c’est l’architecture de l’internet qui en apporte avant tout sa valeur). Cette première génération d’innovation a toujours cours, mais elle a été complétée par une deuxième génération : l’innovation de service qui voit son explosion avec le web puis le web 2. Celleci
est également accompagnée de sa petite soeur moins connue mais tout aussi importante : l’innovation d’usage, réalisée non pas par les offreurs de services mais par leurs utilisateurs. C’est sur cette dernière, nécessairement plus large que les laboratoires technologiques et les
sociétés de services, que s’est fondée la Fondation internet nouvelle génération (Fing) en 2000. Aujourd’hui, nous parlons d’une troisième génération avec l’innovation sociale. Tous ces types d’innovations s’entremêlent et se soutiennent les uns les autres. Mais l’innovation
sociale a-t-elle elle-même une petite soeur ?

La soeur souvent oubliée de l’innovation sociale est certainement l’innovation économique. Le web a généré de nouveaux modèles économiques innovants qui ont permis le développement, par exemple, de toute une génération d’artistes(1). L’économie en ligne a changé la vie depuis une dizaine d’année, jusque dans certains villages au Sud comme celui de Rovieng au Cambodge(2).
Dans ce domaine de l’innovation économique au service de l’innovation sociale, il existe un sous-domaine encore trop peu connu, mais qui prend pourtant aujourd’hui une importance grandissante : l’innovation monétaire. Il peut sembler étonnant de parler d’un tel sujet
alors même que la création monétaire est un monopole des États et des banques. Pourtant, des monnaies « complémentaires» voient le jour un peu partout. De quelques monnaies jusqu’en 1984, nous en sommes à plus de 5 000 en 2009, selon Bernard Lietaer, ancien haut fonctionnaire de la Banque centrale de Belgique ayant participé à la création de l’euro, aujourd’hui l’un
des spécialistes mondiaux des monnaies complémentaires.
Il en existe pour développer l’échange local entre petit groupes (les systèmes d’échange local ou SEL, qui se sont développés en particulier en France), mais également pour réduire l’impact des crises financières sur l’économie (comme le wirtschaft – « économie » – ou WIR en Suisse), ou pour soutenir toute sorte d’activités (la culture, la coopération dans les réseaux sociaux, la
formation, etc.).

Pourquoi parler de monnaies aujourd’hui ?

Si des monnaies complémentaires sont apparues ces dernières décennies, elles sont le plus souvent restées à des échelles assez confidentielles. Pourquoi alors ce sujet arrive-t-il de façon répétitive dans les grands médias ?
Pourquoi mobilise-t-il toujours plus de monde, économistes, responsables de collectivités territoriales, experts de l’internet et même banques ? La réponse à ces questions est probablement dans la conjonction de plusieurs tendances.
Tout d’abord, l’essor des transactions financières ainsi que la succession de crises et de bulles économiques nous ont sensibilisés à la fragilité du système financier actuel et à ses répercutions sur l’économie et l’emploi.

Les gouvernements et les collectivités doivent se protéger face à ces instabilités systémiques et innover pour continuer d’assumer leurs missions. Dans le même temps, des solutions ont été trouvées pour permettre de concilier les monnaies complémentaires et le financement de la collectivité.
De plus, les « richesses » portées par les personnes ne sont plus reconnues : des jeunes diplômés ne trouvent pas d’emploi, des professionnels compétents sont considérés comme trop vieux dès 40 ans, ceux qui ont développé une maîtrise dans un domaine manuel sont sousvalorisés, des intellectuels qui jusqu’aux chocs pétroliers contribuaient à faire avancer la société se sont précarisés. Pas d’argent, pas d’emploi et donc autant de richesses qui restent à dormir ? Pourtant, progressivement,
en parallèle des « emplois », des personnes actives développent des « activités » nouvelles, parfois avec l’aide de monnaies complémentaires.
Les monnaies complémentaires étaient jusque récemment cantonnées à des échelles petites, même si, comme nous l’avons vu, elles commencent à intéresser un nombre grandissant de collectivités et de personnes actives. Mais c’est avec les entreprises que certains systèmes sont d’ores et déjà passés à l’échelle. En effet, le trillion de Miles (par exemple, les S’Miles) créé chaque année est considéré par beaucoup d’économistes comme de la monnaie : entre le moment où vous gagnez des Miles en échange de votre fidélité et le moment où le commerçant qui vous a donné en échange un bien ou
un service les reconvertit en monnaie conventionnelle, il s’est créé une masse monétaire. Il en va de même des autres cartes de fidélisation et Chèques-Déjeuner.
Aujourd’hui, ce sont également certaines collectivités qui utilisent ces principes avec, par exemple, plusieurs dizaines de monnaies complémentaires créées dans plusieurs régions du Brésil.
Les moyens et les savoir-faire se développent également.
Mettre en place une monnaie complémentaire, c’est agir sur une communauté et sur les processus de confiance qui la structurent. Depuis quelques années, nous commençons à comprendre les mécanismes qui facilitent la coopération dans un groupe. Cette connaissance est indispensable pour pouvoir agir et passer à l’échelle. Il n’y a pas de monnaie sans communauté…
Enfin, du coté des technologies, l’année 2010 pourrait bien être le véritable démarrage de l’innovation monétaire avec l’arrivée de plusieurs plateformes permettant de créer facilement des monnaies complémentaires utilisant l’internet ou le téléphone mobile.