Sismondi proposa à une Europe prise entre Lumières et Romantisme, entre Révolution et Restauration, une production historiographique véritablement singulière et tout à fait « révolutionnaire ». Plusieurs facteurs ont empêché qu’il fût reconnu de son vivant comme un véritable maitre, et cette exclusion du canon historiographique du XIXe siècle est aussi de nos jours une des raisons de sa grandeur intellectuelle et politique.

L’auteure donne ici les explications et les raisons de l’isolement de Sismondi, ainsi que les choix méthodologiques, politiques et scientifiques qui font de l’historiographie sismondienne, encore aujourd’hui, une pépinière d’idées constitutionnelles, politiques et économiques. Après cette réévaluation, l’oeuvre historiographique sismondienne retrouve sa place parmi les grands classiques du XIXe siècle, sans perdre cependant aucun de ses caractères d’oeuvre originale. En outre, Sismondi fait partie des premiers qui ont résumé l’historiographie des XVIIe et XVIIIe siècles, tout en l’utilisant de façon inédite en cohérence avec des doctrines politiques et économiques qui étaient enracinées dans le passé européen, mais qui, en même temps, souhaitaient une voie différente pour les nations et pour les gouvernements des années vingt et trente du XIXe siècle. Cet essai offre ainsi la première analyse complète et systématique de l’historiographie publiée par J.C.L. Simonde de Sismondi.