La crise de la Covid a testé la résilience de nombreuses personnes et organisations. Les individus ont dû s’adapter à de nouvelles conditions de travail, à la disparition de relations sociales ; les jeunes à des méthodes d’enseignement nouvelles, à la raréfaction des offres d’emplois.
Les entreprises ont dû résister à la chute de leur chiffre d’affaires, à l’incertitude sur la date de normalisation de leur activité.
Les systèmes de santé ont dû être capables d’accueillir brutalement un afflux de malades ; la recherche médicale de basculer vers le traitement d’une nouvelle maladie.
Les Etats ont été confrontés à la chute de leur PIB, aux menaces de pertes d’emplois et de faillites, à la hausse de la pauvreté.
L’Europe au risque de stratégies individuelles des Etats membres.
Un point important est que la résilience a nécessité souvent l’abandon dans l’urgence des règles antérieures, l’acceptation de procédures complétement nouvelles.
Ainsi, les entreprises et les universités se sont organisées complètement différemment (télétravail, visioconférences) ; les Etats et les banques ont très rapidement prêté de manière massive pour éviter les faillites ; les hôpitaux ont changé leur organisation ; le financement de la recherche (vaccins...) a été fortement accru ; les Etats ont mis en place des déficits publics massifs et les Banques Centrales ont monétisé ces déficits ; le soutien aux personnes et aux entreprises les plus fragiles a été massif ; les ménages ont basculé vers la consommation en ligne...
La capacité à résister au choc a ainsi conduit à l’abandon de ce qui semblait nécessaire auparavant et à l’utilisation de ce qui semblait impossible, dans certains cas peut-être de manière irréversible (normes budgétaires, création monétaire, aide aux plus pauvres, organisation des systèmes de santé, endettement, pratique de travail et de consommation). Il reste à réfléchir à ce qui manque encore pour rendre les sociétés et les économies plus résilientes : meilleurs ciblage des aides publiques, amélioration de l’efficacité de l’appareil d’Etat, capacité accrue des systèmes de formation professionnelle et de reconversion avec la déformation de la structure sectorielle des économies, etc.
Intervenants :
Artus Patrick (Économiste, membre du Cercle des Économistes)Berger Laurent (Secrétaire national de la CFDT)
Boone Laurence (Chef économiste et Chef du Département des affaires économiques de l’OCDE)
Baume Emeline (1ère Vice-présidente de la Métropole de Lyon à l’Économie, emploi, commerce, numérique et commande publique)
Képénékian Georges (Médecin, Président de l’Institut Santé et Territoires )
Schubert Katheline (Professeure émérite des sciences économiques, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Cohen Daniel (Président de l'Ecole d'Economie de Paris)