Le Rapport Stern sur l’économie du changement climatique était-il une manipulation grossière de la méthodologie économique ?

 Paru dans la Revue d’économie politique, 117 (4), juillet-août 2007, pp. 475-506.

Résumé :
Approuvé par plusieurs prix Nobel (Mirrlees, Sen, Solow, Stiglitz) le Rapport Stern a néanmoins essuyé de vives critiques de la part de plusieurs économistes, en particulier nord-américains. Le coeur des critiques concerne les choix en matière de taux d’actualisation, le traitement de l’incertitude et celui de l'adaptation des générations futures à la nouvelle donne climatique. L’équipe Stern aurait manipulé la méthodologie économique afin de pouvoir dresser un tableau catastrophiste du problème et de conforter la justification d’une action forte et immédiate visant à limiter ce risque, ce qui correspondait à la position du gouvernement britannique commanditaire du rapport. De l’examen de ces critiques il ressort que le rapport Stern n’est pas à l’abri de tout reproche mais que sur l'essentiel il a raison contre ses critiques dans le cadre de la philosophie utilitariste qui sous-tend la démarche économique standard de l'analyse coûts-avantages. Toutefois, des réserves peuvent être émises quant à la pertinence de ce cadre analytique pour aborder un problème comme celui de l’effet de serre. Cela n’empêche pas plusieurs alternatives non-utilitaristes de rencontrer elles aussi des difficultés non négligeables. Quoi qu’il en soit, l'habillage en termes d'efficacité économique dont est revêtu le débat critique est largement trompeur, car le problème est dominé par le statut éthique à reconnaître aux générations futures et la légitimité de transferts imposés de coûts en contexte asymétrique, deux questions qui échappent à l’analyse économique.



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