L'objectif de cette conférence est de présenter un panorama complet des problématiques concernant la crise financière qui a éclaté en 2007. Nous confronterons l’expérience des praticiens du monde de l'entreprise et de la banque avec les analyses des universitaires spécialisés sur les questions monnaie, banque, finance. Nous chercherons à préciser l’impact de cette crise sur les réseaux bancaires et sur la dynamique des marchés financiers, tant dans les pays émergents que dans la zone OCDE.
- Pour Patrick ARTUS et Michel AGLIETTA, voir les documents ci-dessous
- Anton BRENDER :
Quels sont les liens entre les "global imbalances" et la crise financière actuelle. Montrer pourquoi le dénouement initialement redouté ne s'est pas produit (chute du dollar et hausse des taux des bons du Trésor) mais a été remplacé par une crise financière majeure que l'on n'attendait pas ! - Gilles de MARGERIE :
Le système bancaire a connu au cours des deux dernières décennies deux évolutions majeures : le déséquilibre de ses emplois et ressources l'a rendu dépendant du marché "de gros" pour la fourniture de sa liquidité ; il a cru trouver des rendements élevés dans les produits dérivés qui se sont développés extrêmement rapidement alors que les risques qu'ils font courir en cas de crise ne sont pas correctement évalués. Le choc des subprimes a révélé que ces évolutions fragilisaient les fondements mêmes du système : la liquidité s'est tarie ; les pertes sur activités de marchés (en particulier sur les structurés de crédits) ont atteint des montants extrêmement élevés. Les banques devront à l'avenir sécuriser leurs sources de liquidité ; elles devront également accroître sensiblement le niveau de fonds propres requis par les activités de marché, ce qui les conduira à réduire leurs engagements dans les produits dérivés. - André CARTAPANIS :
Peut-on prévoir le déclenchement des crises financières ? Sous l’intitulé «crises financières», on regroupe des crises très différentes (crises bancaires, crises de change ou de balances des paiements, crises boursières, crises systémiques…) qui sont apparues dans des économies ou des contextes historiques relativement spécifiques. Peut-on dire, alors, que ces crises sont imprévisibles, au sens où elles répondraient, à chaque fois, à des facteurs ou des contextes spécifiques, ou, à l’inverse, que ces turbulences financières sont le résultat de causes récurrentes, ce qui rendrait possible leur prévision, et donc leur prévention ? On essaiera d’apporter des éléments de réponse à une telle interrogation en examinant, sur un plan analytique, la question des «contextes de crises» et en observant, empiriquement, les performances prédictives d'un ensemble de «signaux d’alerte». - Jean-Paul POLLIN :
Perspectives de régulation. Se concentrer sur la question de savoir si toutes les institutions financières doivent bénéficier d'une assurance liquidité et en contrepartie être soumises à une régulation plus étendue de leur structure de bilan. Ma réponse consistera à dire que s'agissant de l'intermédiation traditionnelle (l'intermédiation de bilan) il ne sera jamais possible de se priver de l'existence d'un assureur (fonds d'assurance et/ou Banque Centrale). Parce qu'il n'est pas souhaitable de trop restreindre la fonction de production de liquidité des banques de dépôts. Il est sans doute envisageable d'imposer des contraintes plus strictes (donc amender Bâle 2 en ce sens) mais vouloir des banques de dépôts dont les actifs seraient parfaitement liquides serait dommageable au fonctionnement de l'économie. Le problème se pose au contraire en des termes bien différents pour ce qui est des BFI (l'intermédiation de marché). On peut peut-être faire des propositions pour améliorer le fonctionnement des marchés (transparence, qualité des ratings, marchés organisés vs OTC...) ou pour renforcer les fonds propres des BFI. Mais on ne voit pas pourquoi les marchés devraient bénéficier d'une assurance publique, alors qu'ils ont vocation à s'autoréguler. Quel est ce système étrange dans lequel la Banque Centrale est chargée de soutenir les prix ??? Logiquement il faut laisser faire faillite à une BFI incapable de faire face à ses engagements. Si l'on accepte ces principes il faut, pour les faire respecter, une séparation entre banques de dépôts et BFI. Or ce qui se passe actuellement va exactement à l'opposé de cette proposition. C'est très dangereux parce que : 1- on laisse se créer des groupes encore plus "too big and too complex to fail" qu'avant la crise ; 2- on renforce l'impact des futures crises financières sur l'économie réelle, car la transmission des extravagances de marchés au coût du crédit sera plus directe.
Intervenants :
de Margerie Gilles (Commissaire général de France Stratégie)Cartapanis André (Professeur de Sciences économiques)
Aglietta Michel (Professeur émérite d’économie, conseiller scientifique au CEPII)
Cicurel Michel (Président du Directoire La Compagnie Financière Edmond de Rothschild Banque)
Brender Anton (Directeur des Études économiques Dexia Asset Management)
Pollin Jean-Paul (Professeur de sciences économiques à l'Université d'Orléans)
Klein Olivier (Directeur Général de la BRED et Professeur de macro-économie financière et de politique monétaire à HEC)