L'économie des Jeux Olympiques (vidéo disponible)

Conférence organisée le

La France s’apprête à accueillir l’édition 2024 des Jeux Olympiques (JO) et Paralympiques d’été, après ceux de Paris 1900 et les JO d’hiver de 1924 (Chamonix), de 1968 (Grenoble) et de 1992 (Albertville). A chaque édition, la ville hôte est en attente de retombées économiques - le terme exact est «impact», mesurable par les économistes, en l’espérant positif et le plus grand possible. Elle escompte bien tirer des leçons des éditions passées pour mieux maîtriser les coûts d’organisation des JO et calmer les craintes des contribuables: il n’y aura pas de déficit à payer! Il y aura plus de bénéfices que de coûts sociaux.

Les deux piliers de l’analyse économique des JO sont donc le coût des Jeux et son dépassement systématique d’une part et, d’autre part, l’analyse de leur impact économique sur le territoire qui les accueille, analyse que l’on étend de plus en plus à l’impact social et environnemental. Depuis quelques années s’est ajouté un troisième thème: des modèles économiques sont en mesure de prévoir, avec une assez grande exactitude, les résultats sportifs des JO s’agissant de la répartition des médailles olympiques entre les nations participantes.

Wladimir Andreff présentera l’analyse du coût des JO, d’abord les données concernant son dépassement systématique depuis 1972 (à la seule exception des Jeux de Los Angeles 1984). Le budget initial de Paris 2024 est déjà dépassé, fin 2022, de 35%. La première explication de ces dépassements récurrents est la théorie des enchères - le phénomène de la winner’s curse (malédiction du vainqueur de l’enchère) théorisé par Richard Thaler, qui découle du mode d’attribution des JO entre des villes mises en concurrence. La deuxième thèse (la préférée du CIO) est un problème de faible gouvernance dans le système politique local. La préemption des budgets par des passagers clandestins, voire la corruption (Sotchi 2014, Rio 2016), viennent compléter l’analyse. Un coût dépassé ne signifie pas nécessairement un déficit, car Preuss-Andreff (2019) ont repéré et analysé le dépassement des revenus des JO, qui peut compenser le surcoût.

Christophe Lepetit présentera les grands principes des analyses d’impact économique, y compris les pièges à éviter et les difficultés à surmonter pour estimer aussi exactement que possible l’injection initiale dans le territoire que déclenche l’organisation des grands événements sportifs internationaux. Puis le choix ou l’estimation d’une valeur du multiplicateur d’impact. Ainsi que la distinction entre étude d’impact ex ante et ex post, les deux étant nécessaires (et recommandées par l’OCDE). L’étude d’impact ex ante des JO Paris 2024 sera réalisée début 2024. Des données très partielles et les résultats d’une étude d’impact achevée en 2016 pour le dossier de candidature de Paris fourniront des indications utiles. L’impact social et l’impact environnemental seront évoqués, bien que la méthodologie à leur sujet n’est pas stabilisée comme pour l’impact économique.

Nicolas Scelles présentera, d’une manière non technique, le modèle économétrique (conçu par Wladimir Andreff, Nicolas Scelles, Liliane Bonnal et Madeleine Andreff) utilisé pour prévoir le nombre médailles olympiques gagnées par les nations participantes. Il insistera sur l’intérêt et la signification des variables mobilisées pour expliquer les gains de médailles et pourquoi quelques variables d’intérêt n’ont pu être retenues dans le modèle. Celui-ci a été «rodé» sur les JO de Tokyo 2021 dont il a détecté à l’avance (en 2018) 95% des résultats sportifs observés. La présentation se terminera par l’annonce des médailles prévues en 2024 pour quelques nations, dont l’équipe de France.


Pour préparer votre conférence, vous pouvez consulter les références suivantes :

 * Holger Preuß, Wladimir Andreff, Maike Weitzmann 2018 Cost and Revenue Overruns of the Olympic Games 2000–2018, Springer Gabler Wiesbaden, 184p

 * Wladimir Andreff. The winner’s curse: why is the cost of sports mega-events so often underestimated?.  Wolfgang Maennig et Andrew Zimbalist. International Handbook on the Economics of Mega Sporting   
Events, Edward Elgar, pp.37-69, 2012. halshs-00703466

 * Scelles, Nicolas & Andreff, Wladimir & Bonnal, Liliane & Andreff, Madeleine & Favard, Pascal. (2020). Forecasting National Medal Totals at the Summer Olympic Games Reconsidered. Social Science Quarterly. 101. 10.1111/ssqu.12782. 

 * Andreff, Wladimir. (2020). L’économie des sports d’hiver: des JO de Grenoble 1968 à ceux d’Albertville 1992 in Les Jeux Olympiques de 1924 à 2024: Impacts, retombées économiques et héritage (pp.47-96), L'Harmattan 

 *  Centre de Droit et d’Economie du Sport, 2016, PARIS 2024 - Étude d'impact 22p

Modérateur :

Hovine Aliette (Journaliste, France Culture)

Intervenants :

Andreff Wladimir (Professeur honoraire de Sciences économiques, Université Paris 1)
Karyotis Daniel (Directeur Général de la Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes (BPAURA))
Lepetit Christophe (Responsable des études économiques et des partenariats, Directeur de l'UEFA Master for International Players, CDES Limoges )
Scelles Nicolas (Reader, Business School de Manchester Metropolitan University )

Vidéo de la conférence :

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Introduction

La fatalité des dépassements des coûts pour les Jeux Olympiques

L'impact économique des Jeux Olympiques

Pourquoi une banque s'engage

La prévision économique du nombre des médailles pour les JO 2024

Questions du public


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Intervenants : Wladimir Andreff (Professeur honoraire de Sciences économiques à l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne) ; Daniel Karyotis (Directeur Général, Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes (BPAURA)) ; Christophe Lepetit (Responsable des études économiques et des partenariats, Directeur de l'UEFA Master for International Players, CDES Limoges) ; Nicolas Scelles (Reader, Business School de Manchester Metropolitan University) et Aliette Hovine (Journaliste, France Culture)