L’économie illégale, le revers de la mondialisation (Vidéo disponible)

Conférence organisée le

Le poids économique du crime organisé est par définition difficile à mesurer. On peut l’approcher en évaluant les montants blanchis par les organisations criminelles dans le système financier légal. Selon le FMI, 600 à 1 800 milliards de dollars seraient blanchis chaque année. Au trafic de drogue (500 milliards par an) et à la prostitution se sont ajoutés le trafic d'articles de contrefaçon - 775 milliards de dollars par an, selon l'International Chamber of Commerce) -, de travailleurs clandestins, d'espèces naturelles protégées, de métaux précieux, de déchets toxiques, d'organes, de factures (fraude à la TVA) et même de quotas de CO2. Le principe est simple : lorsque la demande est, à l'échelle de la planète, très supérieure à l'offre de l'économie légale, les organisations criminelles s'empressent d'y répondre pour bénéficier de l'énorme différentiel de prix créé par ce déséquilibre. Elles ont profité de l'essor des nouvelles technologies, qui permettent de dématérialiser et d'accélérer les transferts de fonds internationaux, et surtout de la déréglementation et de la libéralisation des marchés. La mondialisation du capitalisme, depuis 1980, a été pour toutes les mafias un formidable effet d'aubaine.

La masse d'argent investie dans l'économie légale est devenue, dans les économies de petite taille ou les marges des économies développées, une «alternative au développement»,
Des pans entiers de la société, mais aussi des régions frontalières, quand ce ne sont pas des Etats entiers et leurs dirigeants, sont devenus, par la corruption ou la violence, les « obligés » des organisations criminelles, qui leur fournissent revenus et protection en échange de la liberté d'action. La lutte entre les Etats en mesure de s'opposer à l'extension des activités criminelles et ceux qui en sont devenus les otages est en passe de devenir un axiome de la géopolitique du XXIe siècle.

Selon David Rothkopf (Fondation Carnegie), si 20 à 30 Etats de la planète possédaient encore les pouvoirs de véritables nations, 150 autres, les «semi-Etats », étaient incapables de rendre les services que leurs populations attendent d'eux, tandis qu'avait émergé une «nouvelle classe de supercitoyens», composée d'environ 2 000 entités privées - entreprises, ONG, individus, organisations de tous types, y compris criminelles - «qui possèdent des ressources économiques, politiques, technologiques et sociales supérieures aux semi-Etats, et rivalisant avec celles des Etats».

Modérateur :

Reverchon Antoine (Journalise Le Monde)

Intervenants :

Raufer Xavier (Directeur des études du Département de recherche sur les menaces criminelles contemporaines)
Auerbach Andrew (Chef de l'unité Examen par les pairs Secrétariat du Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE)
Cutajar Chantal (Directrice du GRASCO et enseignant-chercheur Université de Strasbourg)

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Intervenants : Andrew Auerbach (Chef de l'unité Examen par les pairs Secrétariat du Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE), Chantal Cutajar (Directrice du GRASCO et enseignant-chercheur Université de Strasbourg), Xavier Raufer (Directeur des études du Département de recherche sur les menaces criminelles contemporaines) et Antoine Reverchon (Le Monde).