Le blog des intervenants des Jéco 2020

Google en sait-il plus que l'INSEE sur les Français ?

Par Jean-Luc Tavernier. Les évolutions technologiques entraînent une inflation des traces numériques des activités humaines, dans des champs de plus en plus étendus. Les volumes de données enregistrées par les entreprises, notamment les GAFAM, sont considérables. On peut penser notamment aux données de caisse de la grande distribution, aux transactions de cartes bancaires, aux connexions sur les réseaux des opérateurs de téléphonie mobile, aux requêtes des moteurs de recherche sur le web, à tous les services de géolocalisation présents sur nos smartphones, aux consommations d’électricité, au trafic routier, aux images satellites, etc.

Réinventer la démocratie

Par Julia Cagé. Face aux frustrations, une refondation démocratique s’impose : parité de genre et parité sociale, référendum délibératif, démocratisation des partis et des mouvements politiques. C’est à ce prix que les citoyens pourront se réapproprier la chose publique après le traumatisme épidémique et la démocratie en veilleuse.

Comment reconstruire le système international

Par Jean Pisani-Ferry. Le système de relations économiques internationales n’aurait sans doute pas survécu à un second mandat de Donald Trump. Une administration plus ouverte à la coopération permet a contrario d’envisager des initiatives qui n’auraient jamais pu voir le jour avec lui. Mais il ne faut pas se faire d’illusions : le doute qui a saisi l’Amérique est profond. Ses dirigeants – toutes tendances politiques confondues – sont obsédés de la rivalité avec la Chine. Les citoyens, quant à eux, ne croient plus que leur pays puisse assumer de fortes responsabilités extérieures. Dans ces conditions, il importe d’être au clair sur les objectifs à poursuivre.

Quelles sources de données pour bien alimenter le débat social ?

Par Didier Blanchet. Traduire en chiffres aussi objectifs que possible l’évolution de l’économie et de la société est la tâche quotidienne des agents de l’Insee et de l’ensemble de la statistique publique. C’est une activité très exposée qui l’a été encore plus qu’à l’habitude au plus fort de la crise. La soudaineté de cette crise a créé une attente de chiffrages rapides : à quelle vitesse se répandait la pandémie ? quels étaient ou allaient être les effets sur les différents secteurs de l’économie des mesures de confinement mises en place à partir de la mi-mars ? Il a fallu répondre à ces attentes alors même que les conditions habituelles de production de nombreux chiffres étaient fortement perturbées, avec notamment l’obligation d’interrompre la plupart des enquêtes de terrain.

Le «progrès» selon Keynes

Par Pierre Noël Giraud. En 1930, Keynes donne à Madrid une conférence prophétique. L’esprit clairvoyant qui dénonçait en 1919 « Les conséquences économiques de la Paix » (celle qu’impose le traité de Versailles), désastreuses à ses yeux, enjambe cette fois un siècle entier et trace des « Perspectives économiques pour nos petits enfants ».

Réformes institutionnelles et développement dans les pays pauvres

Par François Bourguignon. L’analyse des institutions occupe aujourd’hui une place importante dans l’étude du développement. Définies dans un sens large comme l’ensemble des règles formelles ou informelles structurant et coordonnant les interactions politiques, économiques et sociales entre individus, elles conditionnent en effet le développement économique. De fait, la corrélation entre indicateurs nationaux de la qualité des institutions et niveaux de vie est forte. Il est alors tentant d’y voir une relation de causalité allant des institutions au développement, les réformes institutionnelles apparaissant comme des instruments majeurs du développement, notamment dans les pays les plus pauvres.

Aider les PME à garder le cap de la transition écologique

Par Caroline Mini. 2 milliards d’euros sont destinés au dispositif de prêts participatifs de l’État pour renforcer les fonds propres des PME et ETI, avec un effet de levier de 10 à 20 milliards d’euros de prêts. Ce montant sera-t-il suffisant pour aider les petites et moyennes entreprises à faire face à la crise et réaliser les investissements liés à la neutralité carbone ?

Vers un grand conflit intergénérationnel ?

Par Alain Denizot. La Caisse d’Epargne Rhône Alpes accompagne les Journées de l’Économie depuis leur création en 2008. Au-delà du soutien financier, la Caisse d’Epargne Rhône Alpes est un partenaire actif et s’associe à l’événement en apportant du contenu à différentes conférences. Alain Denizot, son Président du Directoire, intervient le 19 novembre, dans le cadre de la conférence : « Vers un grand conflit intergénérationnel ».

Tempérons notre pessimisme : S’endetter, c'est sauver notre présent et construire notre avenir !

Par Daniel Karyotis Nous le savons : le choc économique et financier, provoqué par la crise sanitaire, affectera durablement la relative stabilité dont nous avons bénéficié ces dernières années d’autant que la deuxième vague du Covid va affecter une économie qui peinait à se redresser. Vague de PSE, taux de chômage en forte hausse et déficits publics qui se creusent n’augurent rien de bon. Ainsi a-t-on vu la dette publique française atteindre un nouveau sommet à 114,1% du PIB au deuxième trimestre 2020. Bien entendu, ce niveau inquiète et suscite légitimement nombre de débats sur la soutenabilité de la dette.

Monsieur Jourdain saute à l’élastique

Par Sylvie Goulard. La peur du fédéralisme remonte aux tourments de la Révolution. Pourtant les Français participent déjà, depuis des décennies à des coopérations organisées sur un mode fédéral, dans l’Union européenne. Grâce aux politiques monétaire ou commerciale, l’Europe est en mesure de s’affirmer. Dans un monde en plein changement, l’UE a besoin de se doter d’une organisation politique solide, légitimée, respectueuse des diversités, ce que permet justement le fédéralisme. Les angoisses du « saut dans l’inconnu » sont aussi infondées que préjudiciables à l’intérêt national.

Tribune de Pierre Veltz

Par Pierre Veltz. Une idée couramment répandue dans nos sociétés est que l’ère de l’industrie serait derrière nous et que serions entrés dans une époque post-industrielle, où le cœur de l’économie et de la croissance basculerait définitivement du côté des services (marchands ou non-marchands, services aux entreprises et services aux personnes).

Derrière la fin du travail, les démocraties en question

Par Michèle Debonneuil. Les générations des deux siècles passés ont su utiliser les technologies de la mécanique et de la chimie pour construire une longue phase de croissance partagée. Celle-ci a fait sortir l’ensemble de la population de la misère et lui a permis de se procurer un large ensemble de biens et de services améliorant leur vie de tous les jours. On a ainsi pu construire une société de progrès pouvant fonctionner dans un cadre démocratique.

Taxer les robots, une fausse bonne idée ?

Par Céline Antonin, Xavier Jaravel. L’automatisation détruit-elle l’emploi ? Pour tenter de répondre à cette question, nous utilisons des données d’entreprises issues du secteur industriel français sur la période 1994-2015. Nous parvenons à la conclusion suivante : l'impact de l'automatisation sur l'emploi est positif, il est même croissant au cours du temps, et concerne tous les types d’emplois, des plus qualifiés aux moins qualifiés. Autrement dit, au sein d’une usine ou d’une entreprise, l’automatisation crée davantage d’emplois qu’elle n’en détruit. A la lumière de ces résultats, taxer les robots apparaît comme une fausse bonne idée : cela risque de saper la compétitivité des entreprises, et d’entraîner une baisse de l’emploi en France.