Par Daniel Karyotis Directeur Général Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes pour la conférence "Dette : qui va payer ?"
Nous le savons : le choc économique et financier, provoqué par la crise sanitaire, affectera durablement la relative stabilité dont nous avons bénéficié ces dernières années d’autant que la deuxième vague du Covid va affecter une économie qui peinait à se redresser. Vague de PSE, taux de chômage en forte hausse et déficits publics qui se creusent n’augurent rien de bon. Ainsi a-t-on vu la dette publique française atteindre un nouveau sommet à 114,1% du PIB au deuxième trimestre 2020. Bien entendu, ce niveau inquiète et suscite légitimement nombre de débats sur la soutenabilité de la dette.
Il convient d’abord de rappeler, comme le dirait l’économiste Patrick Artus, que l’endettement public ne représente guère un « free lunch ». Par l’inflation des actifs financiers et immobiliers, le poids de la dette se transfère aux jeunes générations. Or, ces dernières représentant le coeur névralgique de notre économie et de notre avenir, il nous faut les protéger. De ce fait, je vois dans cette crise une opportunité de revoir en profondeur les critères de Maastricht d’autant que l’ampleur et la durée de la crise sanitaire vont plomber durablement les finances des États européens : 3% de déficits publics, oui, mais de déficits structurels ! Afin de soutenir au mieux l’économie, les États, aidés par la Banque Centrale européenne dont la force centrale de frappe a été à la hauteur des attentes, ont eu recours à des plans d’investissements publics massifs. Ces déficits publics conjoncturels sont nécessaires en temps de crise, à condition qu’ils permettent, à l’instar du plan « France Relance », d’accroître le potentiel productif et d’investir massivement sur l’innovation. Cette crise est transitoire et toute crise a une fin même celle-ci ! Avec des taux d’intérêts historiquement faibles voire même négatifs, avoir privilégié la dette est donc à mes yeux un bon choix. Et y avait-il par ailleurs d’autres choix possibles ?
Je demeure convaincu que le plan de soutien à l’économie de près de 500 milliards d’euros, dont 327 dédiés aux prêts garantis par l’État vont dans le bon sens. La Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes a de ce point de vue pris ses responsabilités et pleinement joué son rôle, tant en venant en aide à plus de 18 000 entreprises par le biais du PGE pour 2,4 milliards d’euros et en effectuant plus de 60 000 reports d’échéance de prêt au bénéfice de ses clients artisans, commerçants, entreprises, professions libérales, agriculteurs et particuliers.
La relance économique exigera de nous une poursuite de nos initiatives, en cohérence avec les priorités du plan de relance français : le soutien aux territoires, à l’emploi, à l’innovation et à la transition énergétique. La Banque de la Transition Énergétique que BPAURA a lancée en cette rentrée va dans ce sens, alliant soutien à l’innovation et lutte contre le réchauffement climatique. Sans oublier bien sûr le renforcement des fonds propres des entreprises sur lequel nous travaillons à la fois avec la BPI mais aussi la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’utilisation de la dette publique peut aujourd’hui nous permettre de créer une dynamique créatrice et bénéfique à notre économie, en allouant de manière optimale et opportune chaque investissement. Il ne s’agit pas, ici, de faire preuve d’un excès d’optimisme sur l’avenir et sur la situation, mais davantage d’instiller un peu de lucidité à notre pessimisme. Nos territoires, nos régions, et notre pays regorgent d’atouts ; c’est pourquoi nous devons collectivement relever les défis qui se présentent. Ainsi la relance économique sera-t-elle le temps du réengagement pour la transition écologique, le soutien à l’innovation, et les politiques pour l’emploi. La Banque Populaire Auvergne- Rhône-Alpes sera assurément au coeur de cet engagement. C’est le sens de toutes les décisions que nous avons prises depuis l’émergence de la crise du Covid 19.