Santé et vieillissement

Conférence organisée le

Depuis le milieu du XXe siècle les économies développées connaissent deux grandes tendances : un formidable accroissement de la longévité et une augmentation continuelle de la part du produit intérieur brut consacrée aux dépenses de santé. Quel est le lien entre ces deux évolutions ? Contrairement à une opinion répandue, le vieillissement ne joue qu’un rôle mineur dans la croissance des dépenses de santé. Celle-ci résulte principalement de la dynamique du progrès médical : de nouveaux produits et de nouvelles procédures apparaissent continuellement, dont la diffusion alimente la croissance des dépenses de santé.
Ces dépenses sont-elles justifiées ? Doivent-elles continuer à progresser ? Ces questions doivent être posées car la dépense de santé est, dans une large proportion, financée par des prélèvements obligatoires. Pour y répondre, il faut mesurer la valeur des gains en santé et en longévité obtenus en contrepartie des dépenses de santé. On utilise pour cela le concept de « valeur statistique de la vie », employé dans d’autres domaines de la décision publique comme les politiques environnementales. Des études ciblées sur différentes pathologies comme les maladies cardiaques, la cataracte ou la dépression montrent que les innovations médicales ont, certes, entraîné une augmentation du coût des traitements. Mais la valeur de l’amélioration de la qualité de la vie, de la baisse des handicaps et de l’accroissement de la longévité qui en découlent dépasse largement la hausse du coût des soins. Une étude plus globale réalisée pour les États-Unis aboutit à une évaluation spectaculaire : entre 1970 et 2000, les progrès en santé et en longévité auraient représenté chaque année un gain égal à 34 % du PIB, soit plus du double des dépenses de santé, qui représentent 15 % du PIB dans ce pays. Un tel résultat suggère que dépenser encore plus pour la santé pourrait répondre aux préférences collectives.
Grâce aux innovations médicales, nous vivons plus longtemps et en meilleure santé. Évalués en unités monétaires, les gains en bien-être obtenus en contrepartie de ces dépenses semblent gigantesques. Certes, des gains d’efficacité sont possibles et souhaitables. Mais il est urgent d’organiser en France un débat public sur le niveau désirable de l’effort consenti en faveur de la santé. La focalisation actuelle des discussions sur le niveau des prélèvements obligatoires escamote la réflexion sur les dépenses que nous désirons.

Modérateur :

Padis Marc-Olivier (Discutant Revue Esprit)

Intervenants :

Dormont Brigitte (Professeur de sciences économiques (PSL, Université Paris Dauphine ) et membre du Conseil d’analyse économique )
Holly Alberto (Professeur honoraire et Professeur invité à l’Université de Lausanne)
Mougeot Michel (Professeur de Sciences économiques)

Vidéo de la conférence :

Les documents associés à la conférence

Pour expliquer l'évolution des dépenses de santé, l'âge ne semble pas être le facteur le plus déterminant. On peut s'intéresser plutôt aux années de fin de vie sur lesquelles portent la plupart de ces dépenses. Cependant, à travers l'étude de quelques affections de longue durée, l'auteur montre que ce sont surtout les pratiques médicales qui expliquent le niveau et l'évolution des dépenses de santé.




Les liens vers des sites ou documents internet associés à cette conférence

Cet opuscule, publié par le CEPREMAP (Centre pour la Recherche Economique et ses Applications), étudie le lien entre l'accroissement de la longétivité et l'augmentation continuelle de la part du PIB consacrée aux dépenses de santé. Selon Brigitte Dormont, le vieillissement de la population joue un rôle mineur dans l'augmentation des dépenses de santé. En revanche, la dynamique du progès médical joue un rôle important.