Union européenne et Royaume-Uni, rivaux ou partenaires ? (vidéo disponible)

Conférence organisée le

 

Monsieur Olaf Henricson-Bell, Europe Director at Cabinet Office, UK Government et Madame Garance Pineau, Directrice de cabinet du secrétaire d’État chargé des affaires européennes ne pourront finalement pas participer à ce débat. La conférence sera un dialogue entre Jean Pisani-Ferry et Daniela Schwarzer. Nous vous remercions par avance pour votre compréhension.

Get Brexit done (réaliser le Brexit) : cinq ans durant, la question a empoisonné la politique britannique et les relations avec l’Union européenne. Le Brexit est une réalité, la question maintenant est de savoir quoi en faire.

L’Union européenne reste, et de loin, le premier partenaire commercial des Britanniques. Le Royaume-Uni demeure un partenaire important de l’Union, la principale place financière du continent et la seule qui ait actuellement une envergure mondiale. À l’heure où les États-Unis se focalisent sur la rivalité avec la Chine, et dans un environnement devenu plus hostile, l’intérêt mutuel est à la coopération. Distancée dans l’économie numérique, industriellement menacée, affaiblie par la crise sanitaire, l’Europe – dont la Grande-Bretagne continue de faire partie – aurait toute raison de s’épargner le coût d’une dislocation économique et géostratégique. Sur les grands sujets d’ailleurs – sécurité, libertés, normes sociales, climat, et bien d’autres – nos préférences sont très voisines, beaucoup plus similaires même qu’entre une rive et l’autre de l’Atlantique.

Pour cela trois obstacles doivent être surmontés. Le premier tient à la dégradation de la confiance mutuelle qui s’est graduellement produite au fil de la très longue et difficile négociation qui a abouti à la sortie du Royaume-Uni. En matière européenne, Londres avait toujours été un partenaire difficile. Après les volte-face qui se sont succédées depuis 2016 et les demandes de renégociation partielle de l’accord de sortie, auxquelles s’ajoutent désormais l’annonce surprise de l’alliance Aukus, le partenaire n’est plus jugé fiable. Cette confiance peut-elle être rebâtie ? Comment ?

Le deuxième obstacle et politique : outre-Manche le débat n’est pas clos et pour celles et ceux qui ont investi leur capital dans le Brexit, à commencer par le Premier ministre, tout rapprochement avec l’UE ferait figure de recul. L’étendard de Boris Johnson, c’est Global Britain. Quant aux États de l’Union, ils continuent de craindre qu’un rapprochement avec Londres serve d’argument à d’autres candidats potentiels à la sortie : si le meilleur des deux mondes est possible, pourquoi s’en priver ? C’est largement pour ce motif politique que les projets de partenariat continental n’ont pas connu le début d’une esquisse de réalisation. Cet obstacle est-il circonstanciel, ou profond ?

Enfin et c’est le troisième obstacle, quel devrait être le contenu d’un partenariat ? Pour les échanges de biens, comme pour les services dont le Royaume-Uni est un grand exportateur, la conformité à aux règles de l’Union commande l’accès à ce qui demeure le plus grand marché du monde. L’UE est très claire là-dessus et comme l’a montré le règlement sur la protection des données, elle conserve par ailleurs une capacité inégalée à exporter ses normes. Mais du point de vue britannique, il serait absurde d’avoir choisi de sortir pour se borner à adopter, sans plus avoir voix au chapitre, les législations de son grand voisin. « Reprendre le contrôle », c’est par définition se distinguer.

Cela ne veut pas dire que la contradiction est sans solution. La faiblesse de l’UE, ce sont la lourdeur de ses procédures et le caractère inertiel de sa législation, fruit de multiples compromis entre des intérêts contradictoires. Là est l’espace pour Londres : non pas dans l’illusion d’un « Singapour sur Tamise » sans assise politique, mais dans la construction d’un système réglementaire agile, qui ne contredise pas celui de l’UE mais qui, pour les données, la finance ou les biotechs, prenne de l’avance et serve de tête chercheuse. Ce serait évidemment un défi sérieux pour les 27, qui devraient s’interdire l’impérialisme normatif, et pour Londres, qui devrait s’en tenir à une forme de concurrence coopérative. Cela demanderait aussi des règles du jeu claires, qui lient étendue de la divergence réglementaire et degré d’accès au marché. Est-ce souhaitable, est-ce possible ?

Modérateur :

Le Merrer Pascal (Directeur Général des Journées de l'économie)

Intervenants :

Pisani-Ferry Jean (Titulaire de la chaire Tommaso Padoa-Schioppa à l’Institut universitaire européen de Florence)
Schwarzer Daniela (Executive director for Europe and Eurasia, Open Society Foundations)

Vidéo de la conférence :

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Introduction

Le brexit

Une perte de confiance mais une nécessité de reussir le Brexit

Le Brexit peut-il renforcer l'Union Européenne

Est-ce que la crise sanitaire a remis en avant l'Union Européenne

Brexit et délocation des entreprises

La situation en Irlande et en Ecosse

Union-européenne, mieux communiquer


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Intervenants : Le Merrer Pascal (Directeur Général des Journées de l'économie) ; Pisani-Ferry Jean (Titulaire de la chaire Tommaso Padoa-Schioppa à l’Institut universitaire européen de Florence) et Schwarzer Daniela (Executive director for Europe and Eurasia, Open Society Foundations)