"Un coup de cœur". C'est ainsi que Béatrice Barras explique sa découverte, en 1982, de la filature de Saint Pierreville. L'usine de laine est alors en pleine crise, en proie à la fermeture. Puis le coup de cœur s'est mué en "grosse colère", de voir "un savoir-faire disparaître." Dans le secteur de la laine, la concurrence est rude, le marché, mondialisé depuis longtemps. "La production était trop faible pour répondre à la demande croissante des clients", explique Béatrice Barras, qui est désormais directrice générale d'Ardelaine. Alors, le projet de reprise de la filature se met en route. Le groupe d'amis joue la carte de la solidarité et mutualise ses moyens. "Certains se consacraient entièrement à la filature pendant que d'autres continuaient de travailler pour amener des fonds", se rappelle Béatrice Barras.
Développement territorial
La scop ardéchoise recrute en moyenne un salarié par an. Mais la stratégie n'a pas fondamentalement changé. "La vente de nos produits, même à l'échelle européenne, garde une dimension locale, les clients savent d'où viennent leurs pulls ou leur matelas." Ardelaine dégage des bénéfices qu'elle répartit à hauteur de 45% à ses salariés et de 45% dans ses investissements propres. "Les 10% restants sont versés en dividendes". Autant dire que les fonds de pensions "ne se pressent pas." Le développement d'Ardelaine a aussi profité à la région. Un musée a ouvert ses portes et draine des visiteurs qui consomment et font marcher le commerce local. "Les gens se retrouvent dans nos initiatives, c'est pour ça qu'ils nous suivent", conclut Béatrice Barras, assez fière de cette belle réussite collective.