Crise : attacher sa ceinture pour faire face aux prochains trous d’air

Les turbulences sont encore nombreuses et l'avenir reste inquiétant. Mais les économistes venus parler lors du débat « Crise : Piloter la sortie du tunnel » n'ont pas fait preuve d'angélisme. Ils ont mis l'auditoire face à une amère réalité en évoquant la possibilité d'un scénario de déflation.

« Nous sommes devant la crise. » Les trois économistes, Olivier Garnier (Société Générale), Jacques le Cacheux (OFCE) et Hubert Kempf (Banque de France), ont évité la langue de bois. Leur discours a été franc et pédagogue. Après avoir rapidement exposé leurs points de vue sur la situation actuelle, ils ont tenté de répondre au mieux aux inquiétudes.

Comment sortir de la crise : une question à plusieurs centaines de milliards d’euros

Une chose est sûre: la sortie du tunnel n’est pas pour tout de suite. La crise actuelle est souvent qualifiée comme la plus grave qu’on ait connue depuis celle des années 1930. Pire, depuis 2007, personne ne semble avoir trouvé l'issue de secours. Alors qu’aux Etats-Unis, la banque centrale, la FED, a décidé d’injecter dans l’économie 600 milliards de dollars; en Europe, tous les pays mettent en place des politiques de rigueur pour rééquilibrer leur budget. Pour Jacques Le Cacheux, il est important de réduire les déficits budgétaires, mais le problème est qu’« on va trop vite ». Un rapport du FMI (Fonds Monétaire International) a clairement démontré que les politiques de rigueur peuvent, si elles sont trop brutales, entraîner la récession. « Le risque le plus grand aujourd’hui n’est pas celui de l’inflation, mais celui de la déflation. On est dans le pire des scénarios, où il y a une croissance faible et une augmentation des taux d’intérêts. » Une proposition émerge alors : réduire les déficits budgétaires, oui, mais en accompagnant cette politique d’une réforme fiscale générale.

Tout n’est pas la faute de l’euro

« Sortir de la zone euro ? Non, non et non. » Les économistes sont unanimes sur cette question. En plus de « montrer de l’ingratitude à un mécanisme qui jusque-là a été bénéfique», rappelle Hubert Kempf, le risque serait surtout que la sortie se fasse dans un mouvement de panique. « Mais du coup, réformons-le ! », s'exclame-t-il. Il faudrait renforcer la coordination des politiques macroéconomiques. Nécessaire, l'action est très difficile. « Comment faire marcher tout le monde ensemble mais pas du même pas ? Même dans les armées on n’y arrive pas », déplore Jacques Le Cacheux.

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