Culture financière : les Français mauvais élèves

Les Jeco 2011, c'est parti! L'objectif de ces Journées de l'Economie : apporter des éléments de compréhension et de réflexion sur des sujets parfois ardus, mais qui influent de plus en plus sur la vie quotidienne. Les résultats d'un sondage sur la connaissance des Français sur les placements financiers l'ont illustré lors de la séance d'ouverture. Si la plupart des personnes interrogées avoue mal maîtriser le sujet, une large majorité demande à être mieux formée dans ces domaines.

Des chiffres, des théories, de la spéculation et des termes barbares. Les Français ne comprennent pas l'économie. Par exemple, 80% d'entre eux estiment "s'y connaître plutôt mal dans le domaine des placements financiers". Mais ils sont autant à vouloir être mieux formés sur le sujet. C'est l'un des enseignements du sondage sur la culture financière des Français, réalisé par le Crédoc pour L'institut pour l'Education Financière du Public, en partenariat avec l'Autorité des Marchés Financiers. "Seul 1% des sondés est capable de répondre aux dix questions du sondage - par exemple qu'est ce qu'une obligation?", se désole Bernard Simier, vice-président de l'IEFP. Les résultats de l'étude ont été présentés lors de la séance d'ouverture des Journées de l'Economie 2011, à Lyon, par Régis Bigot, directeur du département Conditions de vie et aspirations du Crédoc.

A 79%, les Français trouvent utile d'en apprendre davantage sur l'économie au cours de la scolarité. Présent à la tribune des Jéco pour commenter ces résultats, Jean-Yves Capul, sous-directeur des programmes d'enseignement à l'Education Nationale, s'est félicité de la dernière réforme des lycées, qui a introduit au programme en classe de seconde une option obligatoire d'économie.

Pour Philippe Grillot, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Lyon, cet enseignement à l'économie devrait commencer dès la primaire. Accéder à une éducation financière permettrait aux Français d'entreprendre en toute connaissance de cause, en prenant conscience des potentiels mais aussi des risques. "On valorise beaucoup la création d'entreprise mais je suis toujours étonné du nombre de liquidations financières auxquelles j'ai assisté lorsque j'étais président du tribunal de commerce de Lyon. Le statut d'autoentrepreneur a facilité la démarche de l'entreprenariat, mais le niveau de connaissances économiques des créateurs est extrêmement pauvre", explique Philippe Grillot. Selon lui, c'est toute la relation culturelle que les Français entretiennent avec l'argent qu'il faut revoir. "Quand une entreprise rencontre des difficultés financières, elle peut trouver des solutions si elle en parle suffisamment tôt. Mais souvent, elle refuse d'admettre ses difficultés par honte de l'échec."

Gérer l'abondance et la carence

Une fois les chemins de l'école définitivement derrière eux, 77% des Français attendent d'en apprendre plus sur l'économie au sein de leur entreprise. Pour 70% d'entre eux, consulter un site spécialisé est intéressant, tout comme regarder une émission sur l'économie à la télévision (65%). Ils sont même 70% à penser qu'il incombe aux établissements financiers de leur donner les clés pour comprendre l'économie. Car si, paradoxalement, les Français n'ont plus confiance dans les banques, la relation personnelle avec leur banquier reste intacte, d'après l'étude du Credoc.

Reste que s'intéresser aux questions d'épargne et de placements financiers implique la possibilité d'avoir la capacité d'épargner. Une situation qui n'est pas celle de la majorité des Français, selon Cyril Kretzchmar, conseiller délégué à la nouvelle économie en Région Rhône-Alpe: "L'éducation financière ne se résume pas à acquérir des connaissances pour gérer des investissements. La plupart des personnes gère des carences de moyens et non l'abondance."

* Sondage mené par téléphone auprès d'un échantillon représentatif de 1502 personnes.

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