Jean-Claude Volot : "Les grandes entreprises se permettent tous les abus"

La sous-traitance souffre. Dépendants de quelques grosses entreprises, les fournisseurs français ne sont pas en mesure de négocier avec ces dernières. Et subissent leurs abus dans les secteurs de l'automobile et de l'aéronautique, par exemple. Dix-huit mois après sa nomination à son poste de médiateur des relations inter-entreprises industrielles et sous-traitance, Jean-Claude Volot est revenu sur la situation, lors des Journées de l'Economie, à Lyon.

Avez-vous l'impression de pouvoir faire plier les grandes entreprises en conflit avec leurs fournisseurs?

Jean-Claude Volot: Je suis trop vieux pour rêver. Est-ce que le rapport de force s'améliore? J'ai coutume de répondre que nous avons l'Everest à gravir et que nous sommes arrivés à 500 mètres d'altitude. Lorsque le fournisseur lésé menace de me saisir, la grande entreprise cède généralement. Mais les bonnes pratiques ne sont pas encore des réflexes.

Quels sont les principaux sujets qui fâchent entre les sous-traitants et certaines grandes entreprises...

Les grandes entreprises ont organisé l'industrie française selon leurs besoins. Les PME sous-traitantes sont dépendantes de ces firmes côtés au Cac 40. Souvent, plus de la moitié de leur chiffre d'affaires est assurée par une seule de ces entreprises. Du coup, le rapport de force est très déséquilibré. Les grandes entreprises peuvent utiliser tous les moyens possibles pour réduire leurs coûts et ponctionner les marges des sous-traitants. C'est du vol.

Que fait la justice?

Le droit des affaires n'y peut pas grand-chose. Et de toute façon, certaines grandes entreprises ignorent la loi. Mon travail de médiateur c'est souvent de la régulation: tout simplement dire que la loi existe. Par exemple, rappeler qu'une loi impose aux grandes entreprises de payer des pénalités quand le paiement d'une facture à un fournisseur est effectué plus de 60 jours après la facturation.

Que faudrait-il faire?

En France, il y a trop de grandes entreprises et pas assez de moyennes-grosses entreprises. Du coup ces sociétés ont bien trop de pouvoir dans leur secteur, par exemple l'automobile ou l'aéronautique. Il faudrait que les entreprises qui travaillent ensemble soient de taille plus homogène afin que chacune soit en inter-dépendance avec les autres. On peut reprendre l'expression de mon ami René Ricol et former un "écosystème intelligent".

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