Zone euro : le serpent de mer de la gouvernance politique

Alors que la zone euro ne parvient pas à sortir de la crise, la gouvernance politique à l'échelle communautaire apparaît comme un antidote efficace. Mais cette solution, déjà longuement évoquée, continue de se heurter à de multiples freins, telle la problématique de la souveraineté. Sur ce point, ni les citoyens européens, ni leurs responsables politiques, ne semblent prêts à faire des concessions.

Réunir une assemblée exclusivement féminine aux Journées de l’Economie, c’est le défi qu’a relevé et remporté Sandra Moatti, modératrice de la conférence « Euro, une crise qui dure, pour quel rebond ? ». Le groupe d’action féministe « La Barbe », qui, le matin même, s’était invité aux Jéco, a dû apprécier !

Après avoir listé les réponses déjà apportées à la crise de la zone euro (fonds de secours, union bancaire, évolution du rôle de la Banque centrale européenne, Opérations monétaires sur titre (OMT)), les intervenantes ont longuement évoqué une solution : la définition d’une gouvernance politique à l’échelle européenne. Une priorité qui tarde à s'imposer.

Accélérer la définition européenne d'une gouvernance politique

« La leçon principale à tirer de la crise, c’est que seuls, les Etats s’en sortent très mal, affirme Hélène Rey, professeur d’économie à la London Business School. Il faut rapidement un renouvellement de l’esprit européen. » « La crise de la gouvernance prouve que les institutions européennes n’étaient pas prêtes », explique Agnès Bénassy-Quéré, professeur à l’école d’économie de Paris. « La vraie étape décisive, c’est l’Europe politique, renchérit Natacha Valla, directeur exécutif chez Goldman Sachs Paris. La coopération à l’échelle communautaire doit jouer, à travers la mise en place de politiques européennes. »

Accepter une souveraineté partagée

Les dirigeants des pays membres de l’Union Monétaire peinent par leurs décisions à dépasser le simple cadre national. « Même l’Allemagne s’est laissée entraîner dans un débat national, au lieu d’adopter un raisonnement en zone commune, avoue Ulrike Guérot, directrice du bureau berlinois du Conseil européen des relations étrangères. En réalité, les dirigeants ont peur de décrire la construction actuelle d’un système politico-économique européen. »

Pourquoi ? Essentiellement en raison de la perte de souveraineté nationale qu’induit le processus. « Les citoyens sont consultés sur le plan national, mais ce n’est plus à ce niveau que se fait la politique, lâche l’euro-députée centriste Sylvie Goulard. Aujourd’hui, la souveraineté de la zone euro est partagée. Les Français doivent l’accepter et faire des concessions. »

Y sont-ils prêts ? Ulrike Guérot ne le pense pas : « En matière de souveraineté budgétaire, la France traîne bien plus que l’Allemagne. Elle est le dernier pays de la zone à faire des réformes. Il n’y aura pas d’exception, même pour les Français. » Pour Sylvie Goulard, leurs responsables politiques n'ont de cesse de freiner l'établissement d'une gouvernance européenne : « Ceux qui ont le pouvoir ont du mal à le lâcher. »

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