Dans l'oeil du gecko

On voit de tout aux Jéco. Des économistes au sens de l’humour et des femmes à barbe, des sacs à dos narquois et un petit lézard rose qui se démultiplie sur les murs de Lyon.

Philippe Grillot a promis lors de la conférence d’ouverture que l’économie pouvait être une source de joie. Tout a pourtant commencé dans le plus grand sérieux. Personne ne le croyait vraiment. Jusqu’à ce que la scène soit envahie par des membres du collectif La Barbe, venues protester contre le « maintien de l’entre-soi » d’une société patriarcale. Erik Izraelewicz, modérateur de la conférence, se défend : « Il y a deux femmes à la tribune. Je n’anime plus de débat si aucune femme n’est présente à la tribune. » Le voilà repris vertement par Anne Lauvergeon : « J’espère que nous ne sommes pas présentes parce que nous sommes des femmes. » La salle s’amuse de cet imprévu. A voir Pierre Moscovici expliquer le plus sérieusement du monde la théorie qu’il tient de Dominique Strauss-Kahn du cornichon et de la carotte, on n’a plus de doute. « Mettez un économiste dans un bocal à Bercy. Laissez l’y quatre jours. En revenant, vous aurez un cornichon. » Et quand on l’interroge sur Mario Monti, le ministre de répondre : « Il a bien travaillé, c’est une carotte. » On est triste de laisser la joyeuse bande derrière nous. D’autres conférences nous appellent… ainsi que la lunch box promise de longue date.

Mais en partant, un doute m’assaille… Tous ces sacs à dos frappés du logo des Jéco, bien alignés le long des fauteuils. Où est le mien ? Moi aussi, je veux être accompagnés de ce petit lézard - un gecko donc - et le promener fièrement dans Lyon. Mais renseignements pris à la CCI, notre badge bleu ne nous donne pas accès au précieux signe distinctif des « Jécoïens ». Il faut un badge jaune pour ça. Badge bleu, badge jaune, les Jéco, c’est aussi sélect que Cannes. Heureusement, le badge bleu donne accès à un buffet de spécialités lyonnaises. Pas de lézard, mais du canard et du saumon, une ménagerie plus appétissante. Mais le gecko est farceur et me nargue toujours. En route, vers le musée des Beaux-Arts pour une conférence, voilà que l’animal se pointe en pleine rue sur le sac à dos d’un conférencier égaré. J’indique le chemin au malheureux, tenté de lui demander son sac en échange. Surtout qu’un autre sac à dos lézardesque se permet de prendre ma place, laissée vacante un instant, dans la salle de conférence. C’est de la provocation ou je ne m’y connais pas. S’il croit que je renonce, ce lézard rose se met le doigt dans l’œil. Et ça n’est pas parce que j’ai un compte-rendu à faire sur « Information et désinformation financière » que je vais le laisser tranquille.

Léa Bastie

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