Quel avenir pour les banques coopératives ?

Ce vendredi, à l'Hôtel de Région, les Jéco se penchaient sur le secteur bancaire coopératif. Un secteur tiraillé entre la promesse de résultats et la stabilité.

Un peu de sémantique, pour commencer : c'est quoi une banque coopérative ? Tout simplement un établissement dont les clients (épargnants ou emprunteurs) en sont aussi propriétaires et participent à sa gouvernance. Libérées de la pression des actionnaires des banques commerciales, la recherche du profit et de la rentabilité n'est donc pas l'objectif principal des banques mutualistes. Côté performances, les résultats nets sont inférieurs à ceux du reste de l'industrie bancaire...mais ils sont plus stables, car ces établissements "différents" s'exposent moins aux risques internationaux et spéculatifs. Une frilosité qui les a longtemps détournés de l'intérêt des investisseurs plus "aventureux".

A la fin des années 1990, les banques coopératives et commerciales ont opéré des rapprochements mais certaines mutualistes en ont été pour leurs frais. L'universitaire Jézabel Couppey-Soubeyran (Paris-I) a ainsi mentionné l'exemple de la Northern Rock. Sortie du giron mutualiste en 1997, la banque britannique s'est comportée « comme la chèvre de monsieur Seguin », pour finir nationalisée en février 2008. Prémice de la crise bancaire, initiée, quelques mois plus tard, par la chute de Lehman Brothers.

Depuis, la méfiance des particuliers envers le système bancaire traditionnel a dopé les établissements coopératifs, qui tentent à nouveau de se démarquer des banques commerciales par leur discours et par leurs méthodes. Arrivé du Québec, Claude Dorion, représentant la Caisse d'économie solidaire Desjardins, a fièrement affirmé que les résultats de son institut ont beaucoup progressé (+ 50% sur la période 2007_2011), tout en insistant sur le rôle social de sa banque. 80 % des crédits accordés par la CES Desjardins le sont à des entreprises, qui servent l’intérêt collectif ou général.

Quel modèle coopératif en France ?

« Fervente » partisane du système coopératif, Stéphanie Paix a loué un modèle « profondément pérenne », représentatif du développement durable dans la société. Réaliste, la présidente du directoire de la Caisse d'épargne Rhône-Alpes, a néanmoins soulevé le problème de la gouvernance. « On ne sait pas, mais on cherche », a-t-elle avoué, à propos des moyens d'intégrer plus les épargnants dans les décisions de l'entreprise.

Les banques où l'esprit coopératif est intact sont rares en France. Plusieurs fois durant la conférence, le Crédit coopératif a été cité pour son orthodoxie mutualiste. Mais de nombreux participants ont rappelé que des errements restaient toujours possibles. Et l'argent, la matière première avec laquelle les banques travaillent, les rend vulnérables. « Le métier intrinsèque d'une banque, c'est de prendre du risque », a rappelé Stéphanie Paix. On ne peut être plus clair.

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