Performance des entreprises : il n'y a pas que les indicateurs financiers...

Résultat net, chiffre d'affaires, profit, rentabilité... Ces indicateurs, exclusivement financiers, sont-ils aujourd'hui les seuls critères légitimes pour mesurer la performance de l'entreprise ? Le long terme est-il l'ennemi du court terme ? Débat passionné et passionnant, ce vendredi, à la Bourse du Travail de Lyon.

Evaluer la performance d’une entreprise implique en amont d’en définir le concept. « La performance, c’est avant tout assurer la pérennité de l’entreprise », explique Olivier Charmeil, PDG de Sanofi-Pasteur. « Elle est appréciée par la croissance et la rentabilité de long terme », ajoute Christian Nibourel, président d’Accenture France Benelux. Miguel de Fontenay, associé du groupe international Mazars, évoque lui la notion de performance globale, ensemble « d’éléments matériels et immatériels, ceux-ci étant de plus en plus difficiles à modéliser. »

Comment la mesure-t-on aujourd’hui ? Essentiellement par une somme d’indicateurs « durs et mous », précise Stéphanie Paix, présidente du directoire de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes. « Au moyen de trois leviers, en complète synergie : économique, sociale et environnementale », développe Christian Nibourel. « On a besoin de mesurer ce que l’on fait pour apprécier la manière dont l’entreprise progresse, résume Olivier Charmeil. Les indicateurs sont importants pour créer l’alchimie du corps social de l’entreprise. » « Attention à la religion des indicateurs », prévient toutefois Miguel de Fontenay.

Patrons - actionnaires, des intérêts divergents ?

Le débat se muscle brusquement lorsqu’est évoquée, à la tribune mais aussi par l'assemblée, la difficile conciliation en entreprise entre le court et le long terme. Les actionnaires sont pointés du doigt avec virulence. « Est-ce que le PDG a la liberté de mettre en place une stratégie à long terme sans se heurter à ses actionnaires ? », s’interroge ouvertement Miguel de Fontenay. « Le rôle du chef d’entreprise est de réconcilier les visions de court et de long terme, répond avec fermeté Olivier Charmeil, qui opère aujourd'hui un plan de départs volontaires. Sanofi Pasteur est obligée de s’adapter à son secteur. Je me dois de préparer dès maintenant l’entreprise à ce nouveau monde. La question n’est pas de savoir si Sanofi gagne de l’argent, mais si en 2015 elle continuera d’être compétitive.

Professeur à Mines Paris Tech, Armand Hatchuel élargit la perspective : « L’entreprise doit redéfinir son long terme en fonction de l’évolution de la société. » Un point de vue également soutenu par Christian Nibourel, pour qui « les problématiques évoluent parce qu’on est en prise avec une matière vivante. »

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