La zone euro fracturée entre le Nord et le Sud

La divergence entre les pays du Nord et ceux du Sud de la zone euro n'a jamais été aussi flagrante. Avec pour conséquence le rejet de l'euro et la montée des partis extrémistes anti-européens.

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Une première. Impensable il y a encore quelques mois, la Commission européenne vient de lancer une enquête sur les excédents commerciaux allemands. Mais au-delà du symbole, c’est bien la question des déséquilibres macroéconomiques entre les 17 pays de la zone euro qui est posée.

«Au lieu de converger, les pays de l’eurozone n’ont cessé de diverger. On se retrouve aujourd’hui avec un Nord prospère et industriel, et un Sud malade, en manque de compétitivité et plombé par l’endettement public», explique Patrick Artus directeur de la recherche et des études à Natixis.

Balbutiante, la France est désormais associée aux économies des pays du Sud. «La France a effectué une sorte de repli sur elle-même concernant son rôle autrefois majeur en Europe. Ses dirigeants manquent de courage politique pour effectuer des réformes structurelles», analyse Mario Monti, ex-président du Conseil italien et témoin d'honneur des Jéco 2013. (voir vidéo en bas du papier)

Masquée pendant une décennie par l’euphorie du début des années 2000, l’hétérogénéité des pays de la zone euro a sauté aux yeux de tous en 2009 avec l’appel à l’aide de la Grèce au bord du défaut de paiement. S’en est suivie une longue période de turbulence. Comme dans un jeu de dominos, l’Irlande asphyxiée par un secteur financier devenu fou puis le Portugal ont dû être secourus par les Européens et le Fonds monétaire international. De leur côté, l’Italie et l’Espagne, deux économies majeures de la zone ont frôlé la catastrophe fin 2011 avec l’augmentation de leur taux d'intérêts obligataires…

Bref, après le laxisme des années 2000, les Européens ont dû trouver des solutions pour répondre à l’urgence de la situation. «De grands progrès ont été réalisés depuis deux ans», explique en fin connaisseur, Mario Monti, ex-président du Conseil italien. Et Sylvie Goulard, député européen centriste d'ajouter : «des instruments ont été adoptés par le Parlement de Strasbourg. Ce sont des avancées probantes. Pour la première fois, les pays de la zone euro ont des instruments pour parer aux déséquilibres économiques.»

Parmi les progrès réalisés en terme de gouvernance : le Six-Pack et Two-Pack entérinés par les députés européens en 2010. Désormais, les budgets des pays européens doivent être validés par la Commission européenne qui vieille au respect du pacte de stabilité et de croissance. Autre avancée, la mise en place d'indicateurs économiques pour parer à toute formation de bulle tant immobilière comme en Espagne ou financière.

Mais pour Philippe Askenazy, directeur de recherche au CNRS, «la gouvernance par la règle du chiffre va conduire à la ruine de la zone euro.» Pour lui, les critères du traité de Maastricht (maximum 3% du PIB pour le déficit et 60% pour la dette publique) conduisent à renforcer la fracture entre les pays du Nord et du Sud. Ces derniers « n’ont d’autre choix que de s’appauvrir en faisant des politiques d’austérité pour rentrer dans les clous. » Avec pour conséquences un rejet de l'Europe et une montée des partis anti-européens.

Retour en image sur l'ouverture des Jéco par Margot Montpezat, Ulysse Thevenon.

 

 

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