Jean-Paul Fitoussi, lauréat du Prix AFSE 2013

Jean-Paul Fitoussi, économiste, professeur à Sciences-Po Paris, a reçu le prix AFSE 2013 pour son livre " Le théorème du lampadaire". Cette distinction récompense le meilleur livre en français pour l’enseignement de l’économie et a été décerné par un jury réuni par le Comité directeur de l’Association Française de Science Economique. Entretien avec le lauréat.

Êtes-vous surpris de recevoir ce prix ?

Oui, je ne m'y attendais pas du tout, c'est une excellente surprise. Je suis à la fois fier et ému parce que j'ai commencé ma carrière en ayant le prix de thèse de l'AFSE.

Dans votre livre vous revenez sur trente années de politiques économiques et vous abordez notamment la question du chômage.

Depuis au moins quatre décennies, il se produit dans le monde des déséquilibres graves.Le premier est la montée des inégalités qui a traversé toutes les conjonctures et qui caractérise l'Europe aujourd'hui. Plus près de nous, l'habitude que nous avons pris du chômage de masse depuis les années 1980. Dans mon livre, je propose d'étudier ce que je considère comme quatre crises : la crise de la théorie économique, la crise financière, la crise de l'Europe et la crise de la mesure. Toutes ont conduit les gouvernements à définir leur politique économique à partir d'indicateurs qui n'ont pas d'intérêt pour le bien-être des gens, comme la moyenne de la croissance du PIB par exemple.

D'où votre théorème du lampadaire qui n'éclaire pas les bonnes thématiques...

En effet, toutes ses erreurs de politiques économiques découlent de ce phénomène. Il se trouve que les lampadaires sont déjà allumés mais renvoient des lumières d'étoiles mortes depuis longtemps. Par exemple, aujourd'hui on cherche à réduire le déficit public. Mais que se passe-t-il quand on parvient à réduire la dette publique par des politiques d'austérité ? On a une destruction du capital humain considérable avec du chômage de longue durée, une destruction du capital social en raison de la défiance de la population envers les gouvernements et la destruction du capital économique avec la faillite des entreprises. On croit à tort qu'on a bien fait puisque le déficit diminue, mais en fait on va subir les conséquences d'avoir éclairé le mauvais objet.

Vous avez écrit votre livre en deux ans, aviez-vous le titre en tête depuis le début ?

Le premier titre auquel j'ai pensé "La conspiration des imbéciles" était déjà pris, c'est celui d'un magnifique roman. Je suis passé au "Cercle de la déraison", mais c'était un titre trop général. J'ai donc opté pour un titre énigmatique "Le théorème du lampadaire'" en clin d’œil à ceux qui connaissent l'histoire drôle de Coluche.

Retrouvez la réaction de Françoise Benhamou, présidente de l'AFSE

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