Le dialogue social à l’épreuve de la croissance


Inexistant ou peu développé en dehors de l’Europe, le dialogue social est pourtant un facteur de cohésion et d’innovation. En France, il demande à être amélioré.
 
Le dialogue social favorise-t-il la croissance ? A première vue non. «La réalité nous oblige à dire que ce n’est pas toujours le cas. En Asie par exemple, les travailleurs ne sont pas représentés», explique Jean Pisany-Ferry, Commissaire général à la stratégie et à la prospective. Et d’ajouter : « C’est également pareil aux États-Unis où le dialogue social est moins poussé qu’en Europe.»

Pourtant, depuis une dizaine d’années les preuves du bénéfice du dialogue social s'accumulent. «La fin du modèle très hiérarchisé du mode de production a révolutionné les relations entre salariés et manageurs. Aujourd’hui, dans certaines entreprises tout le monde peut avoir une idée de génie et contribuer au développement économique de son entreprise», analyse Yann Algan, professeur d'économie à Science Po Paris. C’est le cas par exemple dans le secteur des nouvelles technologies.

En France, qu’en est-il ?
«Centralisé et de tradition jacobine, l’État a pour habitude de vouloir faire le bien des citoyens, avec ou sans eux», tonne Guillaume Duval, rédacteur en chef du mensuel Alternatives Économiques. Cet héritage historique a pourtant connu un infléchissement ces dernières années. « Le Grenelle de l’environnement a favorisé le rapprochement d’acteurs divers comme l’État, les entreprises et les corps intermédiaires », détaille Guillaume Duval.

Et de poursuivre : «Il faut aussi mentionner la loi Larcher de 2007 sur le dialogue social. Ce texte prévoit que les partenaires sociaux soient consultés sur tout projet de loi gouvernemental impliquant des réformes sur l’emploi ou encore la formation professionnelle.»

Ces progrès ont été réalisés par un gouvernement de droite. Mais la gauche n’est pas en reste. François Hollande a instauré des conférences sociales pour réunir autour d’une même table l’État, les syndicats patronaux et ceux de salariés. En bon social-démocrate, il s’attache à créer du consensus, quitte à être accusé de manquer d’autorité. La méthode jusqu’à présent lui a plutôt réussi notamment sur la loi de sécurisation des parcours professionnels ou encore sur la réforme des retraites.

Qualité du dialogue social
Sur ce point, Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT, ne peut s’empêcher de tacler le gouvernement. «Ce n’est pas le nombre de textes signés en compagnie des partenaires sociaux qui fait la qualité du dialogue social. » Et de conclure : «le problème avec la gauche, c’est qu’elle s’imagine de fait représenter les intérêts des travailleurs. Du coup, elle peut à certains moments négliger les syndicats.»

Reste qu'en période de crise économique, le dialogue social est un outil indispensable pour procéder à des réformes structurelles susceptibles d'améliorer la situation économique du pays.
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