« Plus les Français sont informés, plus les politiques économiques sont efficaces »

A l'occasion des Jéco, la Banque de France et TNS Sofres ont publié un sondage sur les Français et l’économie. Décryptage des résultats 2015 avec Patrick Haas, directeur adjoint de la communication de la Banque de France.

Comment expliquez-vous que 54% des moins de 35 ans n’ont pas d’intérêt pour l’économie alors que 58% des plus de 35 ans s’en préoccupent ?

Les jeunes sont encore en période d’étude donc paradoxalement l’économie ne fait pas partie de leur quotidien. Et l’économie est très peu enseignée dans le système scolaire. L’une des bonnes surprises du sondage c’est ce plébiscite extraordinaire quand on demande « Seriez-vous favorable ou opposé à ce que l’on rende obligatoire l’enseignement de l’économie au lycée ? » La réponse c’est oui à près de 90%.

A la Banque de France on a conscience qu’il est important d’améliorer la culture économique de la population. Après le succès de notre site citeco.fr , nous allons ouvrir à Paris une cité de l’économie, qui souhaite briser la glace entre les Français et l’économie. Il faut que l’économie soit pleinement reconnue et enseignée tout au long de la vie et pas seulement dans les salles de classe. Plus les personnes sont informées, plus les politiques économiques sont efficaces.

La compréhension des mécanismes économiques est une des clefs de l’efficacité des politiques. Les canaux de transmission des politiques économique et monétaire sont d’autant plus efficaces si ces canaux de transmission sont compris. Edmund Phelds, prix Nobel d’économie, a été jusqu’à affirmer qu’en relevant le niveau de connaissances des Français, le potentiel de croissance serait accru de 1%. Bien sûr l’affirmation est excessive, mais un niveau plus élevé d’éducation permet de s’adapter aux nouvelles technologies et d’innover. C’est l’une des clefs de la compétitivité et de la croissance d’aujourd’hui et de demain.

52% des Français aimeraient être mieux informés sur la situation de l’Etat et des finances publiques et 44% sur le financement de la protection sociale. Tandis que 31% des Français demandent davantage d’informations sur l’inflation et l’évolution des prix. Qu’est-ce que cela traduit ?

Ils sont moins concernés par l’évolution des prix car on est dans une période d’inflation faible. Ce qui intéresse les Français c’est la macroéconomie. Il y a une préoccupation récurrente sur le niveau de la dette et du déficit. Je pense qu’ils portent un intérêt au financement de la protection sociale car c’est proche de leurs préoccupations. Mais il faut noter que l’évolution de l’indice des prix importe à beaucoup de jeunes tout simplement parce qu’ils ont des problèmes de porte-monnaie !

77% des Français se disent favorables à un allégement des normes et des règles qui encadrent l’activité économique. 60% souhaitent libéraliser davantage l’activité économique française (privatisation de secteurs publics, ouverture à la concurrence). Est ce que cette opinion est de plus en plus partagée d’année en année ?

Malheureusement on n’a pas d’historique sur cette question car elle est nouvelle. Il y a un ensemble de facteurs qui peut expliquer cette demande d’allégement des charges. Ce n’est pas très surprenant, il y a eu la loi Macron. Cependant, tout le monde est d’accord pour réformer, introduire plus de souplesse et moins de règles mais à condition de ne pas être personnellement impacté.

Propos recueillis par Alban de Montigny

Sondage Banque de France-TNS Sofres réalisé les 15 et 16 septembre auprès de 970 personnes âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

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