La taxe carbone généralisée, ce n'est pas pour demain

La taxe carbone, instrument phare de la lutte contre le réchauffement climatique, a été au cœur des discussions au théâtre des Célestins. La plupart des intervenants sont favorables à sa mise en place. Mais ses modalités restent floues.

Dix ans après l’entrée en vigueur du marché des droits à polluer, comment franchir une étape supérieure dans la lutte contre le réchauffement climatique ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre les participants de la conférence « Agir pour le climat ».

Le marché des droits à polluer, institué huit ans après la signature du protocole de Kyoto, « a montré ses limites » selon Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain. Les entreprises des pays les plus énergivores n’y participent pas (Etats-Unis, Chine, Inde, Brésil…), et la valeur des quotas actuels (7,50 euros la tonne en juin dernier) est trop basse pour inciter les participants à réduire leurs émissions.

Faut-il alors plancher sur l’adoption d’une taxe carbone généralisée ? La réponse est oui pour la majorité des intervenants, mais pas pour tout de suite.

Rentabiliser les énergies renouvelables

« L’énergie fossile doit coûter plus cher que les énergies renouvelables », résume Carlo Carraro, membre du Bureau directif du GIEC (le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU). « Une entreprise va automatiquement investir dans les énergies les moins coûteuses, et donc se détourner du pétrole et du gaz si leur coût est trop élevé. »

Le PDG de Saint-Gobain, conscient de l’impact environnemental des activités de son entreprise, est prêt à payer une telle taxe. A condition que les sommes récoltées financent des investissements massifs dans la recherche et l'innovation énergétique.

« Il faut que la taxe soit adoptée par le plus grand nombre de pays possibles. Sinon, les entreprises délocaliseront dans ceux qui auront refusé d'appliquer cette taxe », ajoute-t-il.

Effet pervers

Thomas Sterner, économiste suédois et professeur au Collège de France, prévient qu'une telle taxe est complexe à mettre en place. « Il faudrait une batterie d'ingénieurs pour calculer les rejets de CO2 réellement émis par les entreprises et les consommateurs »

Seul Roger Guesnerie s'oppose à la mise en place d'une taxe carbone. « Les fournisseurs d'énergie fossile diminueront leur prix de vente auprès des acheteurs. Par conséquent, ces énergies resteront plus intéressantes que le solaire ou l'éolien pour les entreprises consommatrices ».

Les participants à la conférence "Agir pour le climat" se sont néanmoins accordés sur un point. Aucun ne croit en l'adoption d'un accord si contraignant lors de la prochaine conférence climat, la COP21, qui se tient à Paris à partir du 30 novembre.

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