La réalité complexe du financement terroriste


Sujet d'actualité permanent, le terrorisme se fonde sur des financements complexes et difficiles à traquer. Un constat accru par la mondialisation et le déplacement des objectifs premiers de ces groupes.

Si le terrorisme semble plus fort que jamais, c'est parce qu'il trouve encore et toujours plus de financement. Jamais un groupe criminel n'a été aussi riche que Daesh. Le milieu brasse 1.500 milliards de dollars par an. En préambule de la conférence "Argent et terrorisme", Jean-Marc Huissoud, directeur du Centre de géopolitique et gouvernance de GEM (Grenoble Ecole de Management), a souligné le besoin impératif de financement de ces groupes. « Ils ont besoin d'acheter la collaboration de la société civile et cela coûte cher. Il faut continuer à faire fonctionner les services administratifs, de santé... Et puis, de manière plus terre-à-terre, il faut acheter l'essence, les armes, payer les mercenaires. »

Pour cela, les terroristes mettent en place plusieurs techniques. La plus répandue d’entre elles consiste à lever un impôt révolutionnaire : « C’est le cas des Naxalites en Inde, des mouvements insurrectionnels corses et basques à une certaine époque et bien sûr des groupes à vocation territoriale tels que Daesh, Boko Haram ou Al-Nosra. » Une pratique complémentaire des trafics illégaux (opium, pétrole…). D’autres sources de revenus existent comme le chantage, les enlèvements contre rançon, le détournement de dons d’organisations caritatives…

Quand l'argent devient une fin en soi

La nécessité de financement est parfois telle qu’elle prend le pas sur la cause originelle du groupe terroriste. « L’exemple-type, ce sont les FARC, explique Jean-Charles Antoine, chercheur en géopolitique. Au début, le but était politique, la violence soutenait une idéologie. Puis, les armes sont devenues un moyen de protéger le commerce de la drogue et l’objectif est devenu l’enrichissement. »

Une confusion des genres qui complique grandement la lutte contre le terrorisme et ses sources de financement comme l’a fait remarqué Serge Sabourin, ancien sous-directeur d’Interpol. « Avec la mondialisation, les groupes se sont étendus, leurs revenus se sont diversifiés à travers la planète. Pour démanteler leurs réseaux, nous avons besoin de la coopération totale des pays concernés par le blanchiment d’argent. Or, certains n’aident que quand ils y ont intérêt. »

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