"Oui, chacun peut agir contre les injustices climatiques"

Alain Ayong Le Kama, professeur agrégé de sciences économiques à l'Université Paris Ouest Nanterre- La Défense animait, ce mardi, un débat sur les injustices climatiques. Selon lui, des solutions existent pour tenter de les réduire

Quel est le rôle actuel de l'économie et des sciences économiques dans les questions environnementales ?

Les économistes ont trouvé un panel de solutions possibles pour lutter contre les changements climatiques et les risques environnementaux. Ils travaillent ces solutions depuis un certain temps. Les instruments économiques offrent ce qu'on appelle des outils incitatifs pouvant changer le comportement des gens et leur mode de vie. Par exemple, si on taxe davantage le carburant, je prendrais peut être moins la voiture que d'habitude. Par ce biais, on envoie ce qu'on appelle un signal de prix : le consommateur peut choisir entre payer plus cher et faire peser des risques sur la société ou changer son mode de vie.

La notion de « victime climatique » a été abordée lors du débat. Que peut faire un individu à son échelle pour agir sur le changement climatique ?

Il y a une évolution dans la sensibilité des gens : nous sommes globalement plus conscients des risques qu'environnementaux qu'il y a trente ans. Cependant, on ne peut pas demander du jour au lendemain aux individus de changer brutalement de mode de vie au risque de rendre tout traumatique. Ce qui n'empêche pas, à son échelle, de faire de petites choses simples : réduire les températures chez soi, prendre davantage de transports en commun... Il faut accompagner les gens, avec pourquoi pas des outils incitatifs ou un cadre institutionnel : comme les primes à l'achat pour les voitures électriques.

Comment s'explique la sensibilité au climat que l'on remarque actuellement ? Plus précisément, comment ce phénomène est-il apparu dans les sciences économiques ?

On a deux enjeux environnementaux qui ont eu la chance de faire l'objet de conventions internationales, l'une sur la biodiversité, l'autre sur le climat. Ainsi, ces deux axes sont entrés dans l'agenda politique. Tout a alors suivi en matière de mobilisation et d'investissement. Les économistes ont naturellement accompagné le mouvement en proposant des outils permettant d'aller plus vite. Grâce à cela et à des évènements comme la COP21, le grand public connait grosso modo les risques encourus par les modifications et les dérèglements climatiques. Le problème : on s'est davantage concentré sur les problématiques propres au climat en omettant celles de la biodiversité. Il faut espérer que la première n'éclipsera pas l'autre.

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