Les Français et l'économie : « Je t'aime, moi non plus »

Les Français entretiennent une relation ambiguë à l'économie. Ce mardi, en ouverture des Journées de l'économie 2016, la Banque de France a présenté son sondage annuel sur le sujet. Un de ses directeurs généraux, Marc-Olivier Strauss-Kahn (au centre sur la photo), nous commente 5 chiffres-clés de l’enquête.

52 %. L’intérêt des Français pour l'économie faiblit

Une courte majorité (52%) des personnes interrogées se dit intéressée par l'économie. Pourtant, ce pourcentage a chuté par rapport à 2014 (-9) et 2015 (-6). « Il est possible qu'il y ait un effet de saturation. Les Français entendent beaucoup parler d'économie. Et puis, dans leur esprit, l'économie est peut-être liée à quelque chose qui pourrait aller moins bien», explique Marc-Olivier Strauss Kahn. Surtout auprès des plus jeunes. Parmi les personnes qui ne s'intéressent pas ou peu à ce domaine, 60 % ont moins de 35 ans. Paradoxalement, selon les chiffres de l’Éducation nationale, le nombre de candidats se présentant au Bac ES (économique et social) est passé de 99 086 en 2008 à 112 917 en 2016.

45 % des sondés craignent une détérioration de l'économie

Le pessimisme des Français est de retour. En octobre 2016, 45 % des sondés ont le sentiment que la situation économique du pays va se dégrader dans les douze prochains mois contre 36 % en octobre 2015. « Le Brexit ou encore le ralentissement économique chinois créent des inquiétudes chez les Français. En 2014-2015, ils espéraient que l'économie se porterait mieux », analyse le directeur général de la Banque de France.

58 % des Français interrogés surestiment l'inflation

A la fin du mois de septembre dernier, l'inflation était de 0,4 % par rapport à septembre 2015. Pourtant, 58 % des sondés la pensaient au moins supérieure à 1 %. « C'est un phénomène courant. Les gens se rendent davantage compte de l'augmentation des prix des produits du quotidien que de la baisse des prix de biens durables comme celui des ordinateurs », commente Marc-Olivier Strauss Kahn.

59 % des Français veulent davantage de libéralisation

Une majorité de Français (59%) approuve l'idée d'une libéralisation plus poussée de l'économie. Mais alléger les normes qui encadrent l'activité économique ? Sur cette question, paradoxalement, les Français sont partagés. 47 % des sondés sont contre et 47 % pour (6 % sans opinion). Ils étaient seulement 17 % à refuser un tel allègement l'année dernière. L'allusion dans l'énoncé de la question à la loi El Khomri, qui a assoupli le Code du travail a pu participer à cette évolution d'opinion. « Attention, nous ne demandions pas aux sondés : « Êtes-vous favorable à la loi travail? », note le directeur général de la Banque de France. « Ce clivage témoigne du besoin d’explication et de pédagogie sur l’intérêt et l’apport potentiel de telles réformes », ajoute-t-il. Et de pédagogie, les Français estiment en avoir besoin. L'étude révèle que les sondés souhaiteraient être davantage informés sur les finances publiques, sur l'emploi ou encore sur la protection sociale.

76 %: un plébiscite de l'approfondissement économique européen

76 % des personnes interrogées souhaiteraient renforcer la coordination des politiques économiques européennes. « Nous ne nous attendions pas à une aussi bonne réaction : les Français veulent davantage d'Europe, davantage d'intégration économique européenne », annonce, surpris, le directeur général de la Banque de France. Un renforcement sur tous les plans : défense, fiscalité, politiques sociales,… Mais où sont donc passés les eurosceptiques ?

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