Pourquoi la croissance chinoise ralentit

« Le vent a tourné pour la Chine, mais il ne faut pas l’enterrer de suite », estime Serge Marti, président de l’association des journalistes économiques et financiers. Avec une croissance qui tourne entre 6 et 7% par an, la Chine doit réformer son modèle économique pour relancer la machine.

« Inefficace et insoutenable », voilà comment le premier ministre chinois qualifiait en 2014 le modèle de croissance de son pays. Deux ans plus tard, force est de constater que la croissance a ralenti. Les causes de ce ralentissement ont été débattues, ce mardi, lors des Jéco.

« Une nouvelle étape pour la Chine » Pour Michel Fouquin, du Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales), la Chine vit aujourd’hui entre deux stades, celui des pays pauvres et celui des pays développés. Peu probable, cependant, que le pays « tombe dans la trappe des intermédiaires ». La question des surproductions, responsables en partie du ralentissement de la croissance, illustre sa théorie : « la Chine croît de déséquilibre en déséquilibre. Ce n’est pas un long fleuve tranquille ! » Pour l’économiste, une croissance tombée à 6% par an aujourd’hui n’enlève rien aux « performances uniques » du pays.

De multiples causes Ainsi est la Chine, marquée par des importations qui stagnent et des exportations qui n’augmentent pas aussi vite que par le passé. Christophe Destais, du Cepii également, identifie deux déséquilibres qui menacent la croissance chinoise aujourd’hui : des capacités de production excessives, et des perspectives démographiques « inquiétantes ». La politique de l’enfant unique menée jusqu’en 2015 a entraîné un vieillissement de la population. Si le passage de l’industrie aux services est progressif, c’est parce que l’industrie en Chine a longtemps connu une production dite de transformation : elle importait des produits bruts qu’elle transformait, puis exportait.

Vers un rééquilibrage de l’économie chinoise Pour pallier ce ralentissement de la croissance, il semble que la Chine ait adopté une politique de rééquilibrage, axée sur la production intérieure et les services. La production industrielle chinoise représente 25% de la production industrielle mondiale, explique Christophe Destais. Pour autant, le secteur des services n’a pas suivi. Cette faible productivité des services, mise en parallèle de la hausse du coût de la main d’œuvre industrielle, risque de faire baisser la compétitivité chinoise. A moins que la Chine ne parvienne à relancer sa demande interne. Dans tous les cas, pour l’année 2016, tous s’accordent sur un même chiffre : 6,5% de croissance.

Un monsieur à lunettes s’interroge dans le public : quelle fiabilité accorder aux données émises par le gouvernement chinois ? « Il peut y avoir des doutes sur ces statistiques, mais il faut les relativiser », lui répond Christophe Destais.

Voir aussi: le yuan, une grande monnaie bientôt comme les autres.

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