La bipolarisation du marché du travail, défi majeur pour l'économie

 

La part croissante de l’économie de services ainsi que l’avancée des technologies ont entraîné une bipolarisation du marché du travail ces dernières années. Cette problématique a été largement débattue à la Bourse du travail ce mardi à l’occasion de la conférence « Le monde est devenu différent ».

Quelles tendances de l’économie mondiale vont bientôt bouleverser notre quotidien ? Pour les débatteurs, une transformation s'impose au niveau international : les emplois les moins qualifiés et les plus qualifiés sont simultanément en croissance, alors que les postes nécessitant une qualification intermédiaire disparaissent. 

Part croissante de l’économie de services

Selon l’économiste Patrick Artus, on assiste à une véritable « bipolarisation » du marché du travail. A l’origine de ce phénomène, plusieurs causes sont évoquées par les intervenants : la part croissante de l’économie de services, conjuguée à la baisse du poids de la production industrielle et commerciale. Louis Gallois, président du Conseil de surveillance de PSA, évoque pour sa part la mondialisation qui « créée une fracture entre ceux qui s’en sortent et ceux qui restent sur le bord de la route ». Les progrès de la technologie, notamment les avancées en termes de robotisation et d’intelligence artificielle sont également évoquées comme facteurs. « Typiquement, les emplois de secrétaire et d’assistant ont aujourd’hui pratiquement été automatisés », affirme Jean Pisani-Ferry, commissaire général à France Stratégie. 

Frein à la mobilité

Outre l’augmentation mécanique des inégalités qu’elle induit, cette bipolarisation pose un autre problème important : elle freine la mobilité sociale. Le fossé entre les emplois à faible qualification et les professions nécessitant de hautes études devient trop grand si le niveau intermédiaire disparait. Il devient de plus en plus difficile de prendre « l’ascenseur social » en augmentant ses compétences d’éducation. Jean Pisani-Ferry parle de « vallée de la mort » entre les emplois peu et hautement qualifiés. Ce nouveau monde est-il une fatalité ? « Il est très difficile de lutter contre les nouvelles technologies et la globalisation », souligne Cecilia Garcia Penalosa, directrice de recherche au CNRS. Selon elle, il est cependant important d’agir car cette tendance est l’une des causes de la montée des populismes.

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