Il y a de fait beaucoup de dimensions à l’inégalité et la pauvreté et il n'est pas sûr qu'elles évoluent toutes de la même façon. On peut apprécier l'inégalité en considérant les niveaux de vie, les revenus bruts de l'activité et de la propriété, les dépenses de consommation, les salaires, les patrimoines, mais aussi l’accès à l’emploi, la précarité, la discrimination salariale, la santé, la qualité de l’éducation, le logement, l'immobilisme social. L'image que donnent ces diverses dimensions de l'inégalité n'est pas nécessairement homogène. On peut par exemple observer une hausse des inégalités à l'école ou de celle des patrimoines, tandis que l'inégalité des niveaux de vie ou des salaires reste stable. Dans ces conditions, une proposition du type : "l’inégalité a augmenté, ou diminué " est essentiellement incomplète, tant que ne sont pas spécifiées la dimension à laquelle elle se réfère.
A cette ambiguïté multidimensionnelle vient s'ajouter une perception de l’inégalité dans l’opinion qui peut différer de la mesure statistique du fait d’une vision parcellaire de la réalité ou d’une conceptualisation encore différente de l’inégalité.
Comment remédier à cette ambiguïté ? En précisant systématiquement à quelles dimensions de l'inégalité se réfère les chiffres et les arguments que l'on avance. Pour les diffuseurs de données, en les présentant au sein d'un "tableau de bord" des inégalités intégrant les dimensions jugées les plus pertinentes plutôt qu'en les publiant au coup par coup sans effort de mise en perspective globale.