« Le problème n’est pas du côté de la demande. De nombreux pays demandent des produits français. Mais il faut qu’en face, nous proposions une offre », a plaidé celui-ci, rappelant que notre déficit commercial approchait les 75 milliards d’euros en 2010. Or, pour le secrétaire d’Etat, la France adopte trop souvent une attitude de repli sur soi. La « démondialisation » ? Une fausse bonne idée.
Selon Pierre Lellouche, les entreprises qui exportent sont celles qui innovent. En outre, l’Etat a un rôle à jouer pour accompagner les PME à l’export, dans la mesure où elles sont parfois trop petites pour réussir seules.
La proposition d’un crédit d’impôt pour les entreprises exportatrices est débattue au sein des partis politiques.
Eric Jacquet, PDG de Jacquet Metal Service, estime que « pour se développer à l’international, les entreprises ne doivent pas y aller en ordre dispersé comme c’est trop souvent le cas. » Pierre Lellouche renchérit : « Les grands groupes français qui ont des gros contrats à l’étranger doivent faire appel à nos PME pour la sous-traitance. Il faut redonner du sens au patriotisme économique. »
Les Français ont du retard sur ce terrain par rapport à d’autres, selon Guy Chifflot, PDG d’Orapi, une entreprise d’hygiène professionnelle : « Les Allemands sont beaucoup plus patriotes que nous. En France, tout est compliqué avec les structures bureaucratiques : les inspecteurs du travail, c’est de la folie… »
Succès techniques, échecs commerciaux
Eric Jacquet, lui, a fait le choix d’une très forte spécialisation à l’intérieur du secteur des métaux: « Alors que je n’avais même pas trente ouvriers, dans la région de Lyon, j’ai défini un concept et une identité forts comme si j’étais à la tête d’une multinationale. Je crois que les concepts de marque et de fidélisation sont importants: un client accepte de payer plus cher s’il est en confiance. Résultat, nous nous sommes rapidement étendus à Paris, puis en Belgique et dans le sud de l’Allemagne. »
Les PME françaises détiennent en fait un potentiel d’innovation énorme, mais pas toujours exploité : « A l’étranger, nous, les Français, sommes réputés à la fois pour nos succès techniques, et pour nos échecs commerciaux », juge Michel Godet, professeur au Conservatoire national des arts et métiers. L’enjeu est de taille, car les innovations sont d’autant plus nécessaires que, selon Michel Godet, « la France n’est plus compétitive sur les prix: la cassure s'est produite en 2005, date à laquelle le coût de notre travail est devenu définitivement plus cher.»