Yves Crozet, professeur de sciences économiques à l’Université de Lyon, a ouvert les débats par un sondage : Comment sont venus les participants à la conférence ? Vélo, voiture, tram, à pied ? Ils ont fait un « choix modal » pour leur déplacement. C’est Jean-Philippe Antoni, maître de conférences en urbanisme à l’Université de France-Comté, qui lance le terme. Il propose de réfléchir à la ville du futur. Quelle est la place de la voiture dans celle-ci ? « A qui le réseau doit-il profiter et avec quelles externalités ? », renchérit Cyrille Genre-GrandPierre, maître de conférence en géographie à l’Université d’Avignon. « Il n’y a pas d’ acquis des réseaux, construits petit à petit, sans logique globale », explique-t-il. Jean Coldefy, responsable du projet Optimod pour le Grand Lyon, prêche pour des « alternatives crédibles à la voiture », mais aussi contre la « culpabilisation » dans son usage. Car si les offres de mobilités sont nombreuses, si de nouveaux modes de déplacement apparaissent, comme le vélo en libre-service, ou sont réactualisés, comme le tram, « il est difficile de renoncer à la voiture », explique Vincent Kaufmann, professeur de sociologie urbaine à l’Ecole Polytechnique de Lausanne.
Des transports alternatifs peu disponibles
Les usagers sont pris entre deux feux. D’un côté cette injonction d’utiliser les transports publics, de l’autre leur saturation. Comment empêcher leur « infarctus » ? Il pourrait venir très vite, car la vitesse et la régularité attendront bientôt leur limite. « Méfie-toi de tes désirs, ils pourraient bien être exaucés », souligne Vincent Kaufmann. Il y a saturation des transports publics, mais la place faite aux automobiles dans les centres-villes est de plus en plus réduite. Pascal Jacquesson, directeur général de Keolis-Lyon, rappelle que « le ferré est soumis aux contraintes imposées par des infrastructures lourdes ». « Il existe un potentiel de report modal dormant », rappelle Vincent Kaufmann. « Dans la tête des gens, il y a une plus grande disponibilité à l’égard de moyens alternatifs à la voiture. Mais les offres disponibles ne permettent pas de les utiliser. » Les initiatives pour inventer la mobilité de demain en sont encore à leurs « balbutiements », à l’exemple de la lente et difficile mise en place d’Autolib’ à Paris.
Sur ces perspectives d'avenir, chacun est reparti, en vélo, en voiture, à pied, ou en tram...
Léa Bastie