En un an, le prix du baril de pétrole a été divisé par deux, il est passé d’environ 100 à 50 dollars. C’est à cause du pétrole de schiste, c’est cela ?
Denis Babusiaux : Oui, ce qu’on appelle « pétrole de schiste », c’est du pétrole piégé dans les roches, qui ne peut pas s’écouler tout seul. Il est surtout extrait en Amérique du Nord, aux Etats-Unis et au Canada, depuis que de nouvelles techniques ont été mises au point, innovantes et beaucoup moins chères. Ainsi depuis 2011, les Etats-Unis produisent un million de barils par jour supplémentaires, alors qu’au niveau mondial, ce sont 90 millions de barils qui sont consommés chaque jour. Tout est allé d’autant plus vite qu’aux Etats-Unis, les propriétaires du sol sont aussi propriétaires du sous-sol, et donc peuvent profiter des potentielles réserves de pétrole sur leur terrain.
Comment ont réagi les autres pays producteurs de pétrole face à ce changement ?
Denis Babusiaux : Les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) se sont réunis et ont décidé de maintenir leur production, quitte à ce que les prix chutent encore. Pour l’Arabie Saoudite, qui a joué un rôle majeur dans les négociations, la baisse des prix n’est pas un problème, car elle peut puiser dans des ressources financières immenses. C’est aussi une partie de sa stratégie pour affaiblir ses « ennemis » l’Iran ou la Syrie, dépendant de ces matières premières.
A long-terme, comment peut évoluer la production de pétrole ?
Denis Babusiaux : Certains pensent que la consommation de pétrole a atteint un pic en 2008. Les membres de l’Association pour l'étude des pics de production de pétrole et de gaz naturel (ASPO) par exemple, considèrent que les réserves vont bientôt s’épuiser. Car ils disent que si les réserves déclarées augmentent chaque année, ce n’est pas parce que de nouveaux gisements sont découverts, mais uniquement parce qu’il devient maintenant rentable de les exploiter, comme au Vénézuela. Personnellement, je pense que le progrès technique ouvrira de nouvelles opportunités, qu’on n’imagine pas encore. Après, peut-être qu’un jour nous n’aurons plus besoin de pétrole…