Des pistes pour sauver la zone euro


La crise de liquidité qui a frappé la Grèce a mis au jour les failles de gouvernance de la zone euro. La problématique n'est pas nouvelle mais, pour les économistes et élus rassemblés ce matin au Palais de la Mutualité de Lyon, il semble aujourd'hui urgent d'y remédier.

Pas gouvernée, mal gouvernée, trop gouvernée... La critique du fonctionnement de la zone euro a pris plusieurs formes lors de la conférence des Jéco 2015. Les économistes Agnès Bénassy-Quéré, André Grjebine et Michel Aglietta ainsi que la députée européenne Pervenche Bérès ont dressé un bilan plutôt négatif de la situation, mais en apportant quelques pistes de réflexion.

Cette dernière a d'ailleurs attaqué les économistes : "Les problèmes de la zone euro étaient connus dès le début. On savait qu'en cas de crise de liquidité ou de choc asymétrique (crise spécifique à un pays), il n'y avait ni fonds de secours ni prêteur de dernier ressort pour soutenir l'activité. Mais personne n'a rien dit."

La zone euro est bloquée politiquement

Pour André Grjebine, chercheur à Sciences Po, le problème majeur de la zone euro tient à l'absence de fédéralisme. "Avec 19 pays, il est impossible de négocier sans institution supranationale. Aujourd'hui, les Etats défendent avant tout leurs propres intérêts. La solidarité initialement prévue a échoué au profit de la compétition intra-zone."

Le débat entre fédéralisme et union des nations s'était déjà posé à la création de l'Union Européenne puis de la zone euro mais n'est toujours pas résolu aujourd'hui. "L'avancement de la zone euro est bloqué, constate Michel Aglietta. Notamment car la France et l'Allemagne n'ont pas la même vision de l'Europe. Résultat, on s'en tient à une coopération institutionnalisée qui consiste à se réunir en cas de besoin pour aboutir à des compromis temporaires."

Quelles solutions ?

Même sans capitaine, le navire "zone euro" peut être sauvé. Ainsi, Agnès Bénassy-Quéré suggère la création d'une chambre "zone euro" intégrée au Parlement Européen qui serait chargée de réfléchir à une union budgétaire sans impôts nouveaux et sans pour autant empiéter sur la souveraineté des Etats. Une obligation étant donnée l'importance prise dernièrement par les mouvements souverainistes contestataires en France, en Grèce ou en Espagne.

La Banque Centrale Européenne peut également servir de modèle pour son fonctionnement, selon Pervenche Bérès. "C'est une structure complexe mais efficace. Surtout, elle est démocratique et c'est ce dont a besoin la zone euro après les tensions du Grexit."

Globalement, tous s'accordent à dire qu'il faut à présent mener une politique monétaire et budgétaire simultanée, afin notamment de relancer l'investissement public, point noir qui bloque encore une reprise économique durable en Europe.

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