Face à l’automatisation de l’industrie, « il faut mener une petite révolution de la formation »

 

Selon de nombreuses études, l’automatisation croissante de l’industrie et la diffusion de nouveaux outils numériques vont faire disparaître de nombreux emplois dans les prochaines années. Des pistes existent néanmoins pour adapter la formation des futurs travailleurs.

Une étude du cabinet Rolland Berger évalue à trois millions le nombre d’emplois menacés par la numérisation en France à l’horizon 2025. Des chercheurs américains estiment pour leur part que l’automatisation va entraîner la disparition de 47% des emplois américains d’ici 10 ou 20 ans.

Ces chiffres inquiétants, évoqués à l’occasion d’une table ronde sur l’avenir du travail dans l’industrie à l’Hôtel de région Auvergne-Rhône Alpes, sont cependant relativisés par les intervenants. Louisa Toubal, chef de projet pour le think tank « la Fabrique de l’industrie » explique que, selon d’autres travaux, de nombreux emplois vont également être créés par le numérique. Mais pour anticiper ces mutations, Louise Toubal juge qu’il faut « apprendre à apprendre autrement et mener une petite révolution dans la formation ».  

Les « soft skills », compétences très demandées

Un avis approuvé par les autres conférenciers. Dominique Foucard, directeur de la performance des systèmes de production chez Michelin, met l’accent sur les « soft skills ». Selon le dirigeant, ces compétences transversales, telles que la capacité d’écoute, de travail en équipe et de collaboration seront au cœur de la demande dans l’industrie de demain. Elles doivent donc être développées par les employés.

Pour Louisa Toubal, la formation continue classique doit évoluer. L’économiste loue le développement des « learning factories », ces écoles intégrées dans les usines qui permettent aux salariés de mettre à niveau certaines compétences. Selon elle, jouer sur l’organisation de l’entreprise peut également permettre aux salariés d’apprendre les uns des autres : « Avec les outils digitaux, on peut repérer les compétences des différents salariés. Ainsi, mettre en binôme une personne travaillant dans l’entreprise depuis longtemps, aux compétences techniques avancées, avec un salarié plus jeune et plus à l’aise avec les nouvelles technologies. »

Faire entrer l’école dans le numérique

Marie-José Kotlicki, secrétaire générale du syndicat UGICT-CGT préconise pour sa part aux entreprises de réinvestir dans la formation avec pour objectif « l’élévation générale des compétences des salariés ». La syndicaliste conseille aussi à l’Etat d’aller plus loin dans la formation aux nouveaux métiers du numérique.

Louisa Toubal abonde en ce sens. « Il y a énormément de plans mis en place par les pouvoirs publics sur le numérique à l'école, reconnait-elle. Mais mettre des tablettes dans les classes, ça ne suffit pas. Il faut faire des efforts en matière de formation des enseignants à l’usage du numérique à des fins technologiques. Au Royaume-Uni, il y a des cours de code dès l’école primaire ! »

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