Par Thierry de De la Tour d'Artaise qui intervient sur "Rebâtir la souveraineté technologique"
Le siècle dernier a vu le développement extraordinaire d’une entreprise emblématique Moulinex, et ceci dans de nombreuses villes de Normandie. 2001, sera une année sombre avec le dépôt de bilan de Moulinex qui frappera cruellement cette région avec des conséquences sociales très importantes.
C’est à ce moment que le Groupe SEB a décidé de participer au sauvetage de Moulinex. Pas sur la totalité malheureusement, mais sur ce que le Groupe pensait pouvoir pérenniser.
Le site industriel de Saint-Lô dans la Manche a fait partie de cette reprise. En 2011, il est devenu l’unique Centre de Développement Électronique du Groupe SEB avec notamment la fabrication des cartes de la célèbre friteuse sans huile Actifry de SEB, le Cookeo et le Companion de Moulinex et bien d’autres produits, qui ont révolutionné la cuisine et qui célèbrent le fait-maison.
Aujourd’hui, le site fabrique 5 millions de cartes électroniques par an, notamment pour nos produits phares fabriqués à Mayenne, les machines à café automatiques KRUPS et le robot Companion de Moulinex.
Cette révolution des objets intelligents et connectés tels que Companion, couplée à la transition énergétique touche tous les secteurs de l’industrie et la croissance des prochaines décennies appartiendra à ceux qui sauront répondre à ces nouveaux défis. C’est à travers la gestion de la data et les produits connectés que nous pourrons répondre aux nouveaux besoins des consommateurs. Ces deux points passent par l’industrie électronique. Nous sommes en effet dans une période de ruptures à la fois sociétales et technologiques.
Sociétales car le consommateur aujourd’hui ne veut plus uniquement acheter un produit qui permettra d’améliorer sa vie quotidienne, mais il cherche des services qui viennent dans le prolongement du produit (recettes spécifiques, diabète, végan) mais aussi des produits “For good” qui préservent la planète (économie circulaire, réparabilité, recyclabilité).
Ruptures technologiques car nous vivons évidement une période de transformation numérique de l’ensemble de l’économie créant de nouvelles opportunités pour notre industrie.
C’est là que s’écrit le futur du site de Saint-Lô, par notre capacité à concevoir et produire des cartes électroniques de plus en plus sophistiquées dans des conditions économiques compétitives.
Cependant, pour être compétitifs par rapport à nos concurrents, il faut travailler à la sécurisation de nos matières premières et nous assurer un accès privilégié à ces matières. D’autres pays en ont fait un point central de leur stratégie industrielle.
Face à la pénurie que le pays traverse, il faut impérativement recréer des filières de composants qui n’existent pas ou plus en Europe. Il est fort à parier que dans 10 ans aucun appareil du petit équipement domestique n’aura de fil. Mais ils fonctionneront tous sur batteries qui aujourd’hui proviennent quasi exclusivement de Chine.
Les initiatives récentes du secteur Automobile sous l’égide de l’État sont très intéressantes mais il nous semble qu’il faudrait l’envisager pour d’autres applications.
Nous savons tous qu’aucun pays ne peut être durablement fort s’il ne dispose pas d’un secteur industriel robuste, ce qui veut dire profitable. C’est également une nécessité pour assurer un plein emploi que le tertiaire ne peut assurer tout seul.
La production en France est évidemment la meilleure façon de répondre aux défis écologiques en réduisant l’empreinte carbone des transports, mais aussi de la production dont l’empreinte carbone est réellement encadrée, quantifiée, certifiée. Le Groupe SEB est bien évidemment prêt à travailler avec d’autres secteurs industriels pour que de telles initiatives puissent voir le jour. Et cela ne concerne pas que les batteries....
C’est grâce à cela que nous pourrons rebâtir notre souveraineté technologique.