Mais, l’héritage peut engendrer des externalités négatives, lorsqu’il produit des rentes conduisant à des formes d’exclusion dans trois domaines : le savoir, le pouvoir et la richesse. En effet, le capital se transmet sous différentes formes : immobilier, financier, mais aussi social (éducation, réseaux, savoirs culturels). Emmanuel Todd montre le rôle que joue l’organisation des études supérieures aux Etats-Unis aujourd’hui comme un lieu de sélectivité pour reproduire des élites. Autre exemple, dans un certain nombre de pays de la planète, la transmission du pouvoir politique et économique est familiale ou « clanique ». L’héritage peut également engendrer des inégalités en cas de forte concentration du capital immobilier ou financier. Le degré d’acceptation de ces situations dépend de l’idéologie culturelle dominante (idéologie égalitaire, ou idéologie inégalitaire), en fonction de l’histoire, de la vision de l’ordre social et des institutions (un Etat, un parti, un groupe majoritaire peut imposer une vision donnée).
Héritage et capital social : l’origine sociale conditionne-t-elle les inégalités d’opportunités ?
- En moyenne dans l’OCDE, il faut cinq générations (150 ans) pour qu’un enfant issu d’une famille pauvre (les 10% les plus faibles) parviennent à gagner le niveau de revenu moyen de son pays. Il existerait donc une forme de reproduction sociale.
- En France les inégalités de chances sont éducatives. En effet, l’accès à un diplôme élevé dépend de l’origine sociale. Un enfant de cadre supérieur à 4 fois plus de chances de figurer dans la catégorie des 20% supérieurs de la distribution des revenus.
- Aux États-Unis, le montant des droits de succession est basé sur la valeur des biens (et non sur les liens de parenté).
- Les systèmes éducatifs français, japonais et chinois privilégient l’élitisme, signe de qualité (héritage historique des systèmes de féodalités). Aux États-Unis et au Canada, le système éducatif valorise les initiatives et la prise de risque.