Leçons du XXème siècle pour le futur

Gilbert Cette, Adjoint au Directeur général des Études et de Relations internationales à la Banque de France et professeur associé à l'Université d'Aix-Marseille

Gilbert Cette

Les scénarios pour le futur sont très contrastés. Selon leurs capacités à bénéficier du choc du numérique et de l’économie digitale, les différents pays pourront connaitre une grande prospérité ou une paupérisation relative.

Si l’on porte un regard sur la croissance longue et ses principaux facteurs dans les pays les plus développés, la période actuelle parait particulièrement pauvre : depuis la fin du XIXème siècle, jamais les gains de productivité n’ont été, en période de paix, aussi faibles que sur la dernière décennie. Pourtant, le choc du numérique et de l’économie digitale est dans tous les esprits. Ce choc est encore devant nous et ses effets vont se concrétiser sur les prochaines décennies.

Dans un ouvrage récent, Antonin Bergeaud, Gilbert Cette et Remy Lecat mobilisent les enseignements de la croissance observée au XXème siècle pour en tirer des leçons sur le futur concernant les effets à attendre d’un choc technologique de grande ampleur. Il apparait que les pays peuvent être impactés de façon très contrastée par un tel choc : certains en bénéficient pleinement par une croissance largement dynamisée tandis que d’autres au contraire le subissent et connaissent une paupérisation vis-à-vis des premiers. Ainsi, le Royaume-Uni qui était le grand pays leader au début du XXème siècle en termes de PIB par habitant a connu dans l’entre deux Guerres Mondiales un déclassement progressif vis-à-vis des autres grands pays européens et des Etats-Unis. De même, l’Argentine dont le niveau de développement était comparable à celui des pays européens au début des années 1930 a connu ensuite un déclassement spectaculaire.

La littérature économique nous montre que la qualité des institutions économiques, sociales et politiques explique grandement ces différences. L’enjeu est donc actuellement fort : les pays qui aux institutions adaptées au choc qui s’annonce pourront en tirer le plus grand profit en termes de croissance. Cela leur permettra de faire face avec sérénité aux grands défis qui s’annoncent, comme ceux du financement des dépenses environnementales, du vieillissement de la population, du désendettement, … Pour les autres pays, ces défis pourraient être très douloureux à affronter. L’adaptation des institutions par des réformes structurelles ambitieuses est ainsi un impératif.

Antonin Bergeaud, Gilbert Cette et Remy Lecat (2018) : «Le bel avenir de la croissance : Leçons du XXème siècle pour le futur», Odile Jacob.

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