A chaque Etat, sa réponse face aux menaces climatiques

Du jamais vu depuis plus d'un siècle. Les catastrophes naturelles s'enchaînent en 2010. Souvent incriminé, le réchauffement climatique n'est pourtant pas le seul responsable. Pour autant, la question du climat préoccupe jusqu'au Pentagone américain. Pressés de s'engager, les Etats en font-ils assez ? En ont-ils seulement les moyens ?

2010, année noire sur le plan climatique. Séisme en Haïti, canicule en Russie, inondations au Pakistan ou encore tempête Xynthia sur le littoral atlantique. La planète n'avait pas connu une année aussi émaillée de catastrophes naturelles depuis 130 ans. Et les perspectives ne sont pas des plus optimistes. D'ici à 2100, les températures moyennes devraient augmenter de deux à six degrés, selon les prévisions présentées par le climatologue Hervé Le Treut. Les phénomènes caniculaires, comparables à l'épisode de l'été 2003 en France, pourraient se répéter "tous les deux ou trois ans à l'horizon 2050", indique Hervé Le Treut.

De là à attribuer l'ensemble des catastrophes climatiques au réchauffement de la planète, il n'y a qu'un pas. Un pas qu'Hervé Le Treut ne franchit pas. Le directeur de l'Institut Pierre Simon Laplace explique qu'il faut rester prudent à l'heure de tirer des conclusions. "La canicule de cet été en Russie a un lien direct avec le réchauffement climatique. En revanche, Xynthia, qui est une tempête hivernale, n'est pas liée à ce changement environnemental. Les inondations au Pakistan non plus; elles sont simplement dues aux fluctuations naturelles du système climatique", détaille-t-il.

Le spectre des guerres du climat

L'accélération de ces perturbations suscite les interrogations, notamment celles des états-majors militaires. En février, c'est le Pentagone qui acte pour la première fois que les risques climatiques constituent une menace pour la sécurité nationale. L'armée française, elle, étudie les conséquences géostratégiques du réchauffement de la planète. Le climat est-il un nouveau facteur de conflit ? En partie seulement, selon Hervé Le Treut, qui s'appuie sur l'exemple de la corne de l'Afrique. "La région est traversée par de multiples sources de tensions : la pauvreté, le manque d'infrastructures, les conflits ethniques et religieux, etc. Le climat n'est qu'un facteur aggravant", pas le seul élément déclencheur d'une guerre.

Coopération Nord-Sud

Le concept d'insécurité environnementale appelle une forte mobilisation des pouvoirs publics, qui ne sont pas toujours au rendez-vous. Les exemples de mauvaise gestion de catastrophes naturelles sont courants. En Russie, l'Etat s'est désengagé de la gestion des forêts, Privés de moyens humains et financiers, les départements russes n'ont pas pu lutter efficacement contre les incendies de l'été. Même constat au Pakistan. "Les autorités n'ont effectué aucun contrôle du réseau de canalisation d'eau, les inondations ont été d'autant plus importantes", explique Alain Chabrolle, élu d'Europe Écologie au Conseil régional Rhône-Alpes, en charge de l'environnement. "En Chine, les grands travaux d'aménagement du territoire - routes et barrages - se font sans aucune étude de leur impact environnemental", poursuit-il.

Les risques naturels dépassent les frontières. Selon Alain Chabrolle, les pays développés doivent "absolument instaurer une coopération Nord-Sud". "Les conséquences des catastrophes climatiques qui touchent les pays les plus vulnérables, situés au Sud, affectent aussi le Nord par un effet boomerang".
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