L'information économique à l'heure des réseaux sociaux

Twitter, Facebook, Google +... Ces nouveaux outils révolutionnent notre façon d'aborder l'information. Avant d'ouvrir un journal, nous nous connectons sur les réseaux sociaux en ligne. La presse économique compte bien s'adapter à ce nouveau rapport aux lecteurs et à l'actualité.

"La révolution numérique donne encore plus de responsabilité aux journalistes". D'emblée, Françoise Crouïgneau, vice-présidente de l'Association des Journalistes Economiques et Financiers (Ajef), affirme l'importance de la question des nouvelles pratiques en ligne sur la valeur de l'information. La modératrice de la table ronde "Les réseaux sociaux, relais ou défi pour l'information économique", qui s'est tenue aux journées de l'Economie à Lyon, n'a pas eu à encadrer des prises de position opposées : tous les avis convergeaient.

A ses côtés, deux journalistes économiques abondent dans son sens. Bernard Poulet, rédacteur en chef de l'Expansion reconnaît l'importance d'une présence sur Facebook, Twitter et autre Google +. "Les groupes de presse font de la sociabilité sur les réseaux sociaux pour reprendre des parts de marchés publicitaires", analyse celui qui est également auteur de La fin des journaux et l'avenir de l'information (Gallimard, 2009). Mais c'est bien de lecteurs dont on parle puisqu'une page attractive pour les publicitaires est une page qui est très lue.

Ludovic Desautez, rédacteur en chef chargé des projets numériques au quotidien Les Echos, confirme: "La communauté financière est très consommatrice du mode d'alerte de Twitter, surtout en période de crise".

Les règles journalistiques toujours en vigueur

"Au-delà des marques que sont Facebook ou Twitter, il faut surtout s'adapter à de nouveaux usages de la part de nos lecteurs", poursuit le journaliste. Des lecteurs de plus en plus habitués à obtenir de l'information en temps quasi-réel. Ce n'est plus la menace du « journaliste-citoyen » qui effraient les rédactions. "Aucun blogueur n'a réussi à obtenir autant de crédibilité et d'audience qu'un journaliste", note Bernard Poulet. La crainte vient de la nécessité de travailler dans l'immédiateté, sans prendre le temps d'appliquer les règles du base du métier: rigueur, vérification et prise de recul. Ce qui n'est pas sans risque pour la qualité du travail journalistique. "Il faut de la responsabilité", insiste Françoise Crouïgneau.

Leur métier, les futurs journalistes l'apprennent dès leurs études supérieures pendant leur formation en école de journalisme. Thierry Guilbert, directeur-adjoint de l'Institut Pratique du Journalisme, précise que ces jeunes étudiants n'ont pas besoin d'être formés à l'utilisation des outils. "93% de la promotion 2011 étaient déjà inscrits sur Facebook avant d'intégrer l'école", indique le responsable pédagogique. "Mais il faut les sensibiliser autour de questions comme l'identité numérique, aussi bien celle du journaliste qu'ils vont devenir que du titre pour lequel ils vont travailler", ajoute-t-il.

D'après les intervenants sur l'estrade, c'est en respectant ces principes que la presse en ligne conservera autant de légitimité que la presse imprimée. François Mariet, professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine, a néanmoins posé la question aux journalistes présents: "Combien de fans possède la presse?". Rendez-vous sur les pages Facebook de l'Expansion ou des Echos pour une partie de la réponse.

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