La création monétaire au secours de la transition écologique

Avec la crise économique, difficile de trouver des investisseurs pour développer la croissance verte. La Fondation pour la nature et l'homme suggère la création d'emprunts à bas coût en Europe afin d'encourager les programmes écologiques. La proposition a été débattue lors d'une table ronde intitulée "Comment financer la transition économique, écologique et sociale?".

La culture des petits gestes éco-citoyens ne suffira pas. Selon la Fondation pour la nature et l'homme, la France a besoin de 600 milliards d'euros d'investissement en dix ans pour assurer sa transition écologique. Le 25 mai dernier, la fondation a proposé de "mettre la création monétaire au service de cette transition" en permettant aux Etats européens d'emprunter auprès de la BCE à des taux faibles ou nuls. "Il faut créer une banque d'investissement à l'image de la Green Bank de Londres ou s'appuyer sur la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC)", explique Alain Grandjean, expert du Comité de veille écologique de la Fondation pour la nature et l'homme. Cette solution se heurte à deux écueils pour Alain Trannoy, directeur d'études à l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales): "La création monétaire dope l'inflation. De plus, la France emprunte déjà beaucoup, on risque d'augmenter le risque de défaut de l'Etat."

Le financement privé et le prix du carbone en panne de soutiens

Les agents privés pourraient soulager les Etats en s'engageant dans des financements à long terme. Mais depuis la crise des subprimes, "l'appétence pour les investissements longs est plus faible, selon Didier Janci, directeur du département stratégie, économie et développement durable de la CDC. Les conditions de financement sont plus rigoureuses et avec les nouvelles normes de régulation des établissements financiers, les investissements longs coûtent plus cher. "

Parmi les autres solutions envisagées figure l'instauration d'un prix du carbone. Pour Dominique Bureau, délégué général au Conseil économique pour le développement durable (CEDD), "le CO2 ne rapporte rien, à moins qu'un prix du carbone soit instauré. Mais pour l'heure cette solution n'est reprise dans aucun des programmes pour l'élection présidentielle". Selon Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques, "les résistances politiques s'expliquent car il n'y a pas d'intérêt économique du côté industriel. La France est obligée d'importer des éoliennes danoises ou espagnoles.La transition écologique va provoquer une dégradation de la balance commerciale." "Il est important de penser la croissance verte en économie ouverte, confirme Alain Trannoy, la transition écologique doit être exprimée, au minimum, à l'échelon européen".

Photo : © Tilio & Paolo - Fotolia.com

origine du blog