Un "non" massif à 2000 nouveaux kilomètres de lignes TGV

Déjà minoritaires à l’ouverture des débats, les partisans de la construction de 2000 kilomètres de nouvelles lignes TGV se trouvaient marginalisés dans la salle à l’issue de la conférence des Jéco consacrée à ce thème. Ce projet prend sa source dans la loi de 2008, dite Grenelle I, issue des débats du Grenelle de l'environnement de 2007. Aujourd'hui, en situation de crise économique, la question de l'opportunité et de la pertinence de la construction de nouvelles lignes TGV se pose.

Marc Ivaldi, directeur d’études à l’EHESS et professeur à Toulouse School of Economics (ci-contre en photographie), confie qu’il ne s’attendait pas « à une majorité contre ce projet dès le début du débat ». Il faut dire que sur l'estrade de la salle Molière, les six intervenants sont majoritairement opposés à ces 2000 nouveaux kilomètres. Ce projet, issu du Grenelle de l’environnement, vise à relier les capitales régionales au réseau à grande vitesse, à l’horizon 2020.

Marc Ivaldi met en garde contre le « risque financier » d’un tel investissement. En cause, notamment, « le problème de la concurrence des modes de transport ». Et là, il faut entendre transport de personnes, mais aussi de marchandises. Autre frein, selon lui, à un tel projet, « l’arbitrage entre investissements dans différentes infrastructures ».

À qui profiteront les lignes dans 30 ans ?

Un avis partagé par Pierre Messulam, directeur de la stratégie de la SNCF : « À Marseille par exemple, c’est la périphérie de la ville qui gagne en population, il n’y a donc pas besoin de TGV mais de TER. » Et de poser une question simple : « Dans 30 ans, les lignes que l’on va construire aujourd’hui serviront-elles à suffisamment de monde ? » En d’autres termes, seront-elles surdimensionnées compte-tenu de la démographie ?

Seule intervenante favorable à la construction de ces 2000 kilomètres, Valérie Rabault (BNP-Paribas) veut « regarder les choses globalement, en prenant en compte l’impact sur l’économie nationale et la hausse de la productivité » induit par les gains en temps de transport des personnes et des marchandises.

Un argument qui n’aura pas convaincu l’auditoire, ni Hervé Mariton, député de la Drôme. Celui-ci résume assez bien le problème principal du coût de ce projet. Avec la crise économique, « le volontarisme politique est contingenté à l’aune de nos moyens ».

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