Réinventer la politique industrielle : un défi français

Quelle politique industrielle pour soutenir la croissance française? Cette question cruciale pour l'avenir économique de notre pays a animé la grande conférence inaugurée par François Baroin, ministre de l'Economie et des Finances. Baisse des charges sociales, soutien à l’investissement ciblé par secteur et sur les PME et valorisation des financements locaux sont les pistes évoquées pour relancer une politique jusqu’ici jugée décevante.

« Il faut réinventer la politique industrielle. Le choix n'est pas entre rien ou le copinage, mais plutôt de trouver une nouvelle gouvernance », affirme Philippe Aghion, professeur de sciences économiques à Harvard. Même constat pour Lionel Fontagne, professeur à l’Ecole d’économie de Paris : la politique industrielle « ne nous a pas apporté Apple et Google, alors que nous disposions d’un grand marché : la zone euro. »

Nécessité de nouveaux financements

« Aujourd'hui, l’industrie française est confrontée à la désindustrialisation d’une part, et à l'impératif de financement d’autre part ». Une contraintemajeure pour les instances politiques en ces temps de disette souligne Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes. « A ce rythme, il n'y aura plus d'industrie en France en 2035 », Augustin de Romanet, directeur de la Caisse des Dépôts et des consignations constate qu'en huit ans, le poids de l’industrie dans la valeur ajoutée du PIB a reculé de 6%. « A ce rythme, il n'y aura plus d'industrie en France en 2035 ». Et de souligner « le besoin de fonds propres et patients pour financer les entreprises, à une échelle locale et régionalisée ». Créé en 2008, le Fonds Stratégique d’Investissement répond à cette mission. « Le FSI est un actionnaire patient. 400 millions d'euros ont été déployés dans tout le territoire, et pas seulement en direction des grandes entreprises », rappelle Augustin de Romanet. Depuis trente ans, les entreprises peinent en effet à se financer. Oseo, banque destinée aux PME » a permis de mobiliser 20 milliards d'euros par an, dont 50% sont destinés aux entreprises. Dans le cas de la Banque de France, le financement des entreprises représente seulement 9% des encours », met en avant Arnaud Cadoux, directeur général délégué d’Oseo.

Les PME au cœur de toute ambition économique

« Pour pousser la croissance et la stratégie industrielle, les TPE et les PME sont au cœur, voire le cœur de toute ambition économique », appuie Laurence Parisot. Pour la présidente du Medef, « la baisse des cotisations sociales est la voie absolument nécessaire à explorer ». Les intervenants sont unanimes : les TPE et PME sont au centre du dispositif économique. Il s’agit désormais de revaloriser ces entreprises. La proposition de Jean-Hervé Lorenzi : « s’inspirer des Small Business Act, dispositifs qui consacrent une partie des marchés publics aux TPE. Il faut parvenir à leur en accorder 10% ». Pour Gérard Collomb, maire de Lyon, la solution se trouve à l’échelle locale : « nouer des financements locaux pour avoir un rapport gagnant- gagnant avec les petites entreprises ». Un Etat participant à l’effort industriel, c’est l’option défendue par Philippe Aghion. Quid du respect des règles de concurrence communautaires ? « Si on laisse se développer des politiques sectorielles au niveau étatique, il faudra développer une approche pragmatique. Et ensuite évaluer, si, a posteriori, la concurrence est gênée ou pas ». Investir, pour ensuite évaluer le succès, la même recette que pour une entreprise.

La réaction de François Baroin en images

Marie Dagman et Anne-Sophie Chatenet

 

Photo : © Rainer Plendl - Fotolia.com

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